Le Journal d'Abbeville

L’affaire Joseph de Valines (ou « le dîner de Vieulaines »)

Chaque semaine, retrouvez les petits et grands événements qui ont marqué la Picardie Maritime à travers les siècles, et comment l’histoire locale a croisé les grands remous de l’Histoire de France…

- Laëtitia Desmoutiez

1e partie

Une affaire criminelle secoua Abbeville en 1764. Le fait n’est pas si rare, mais cette sordide affaire connut un retentisse­ment important dans la ville, et même au-delà, en raison de la condition sociale du principal accusé, Charles-François-Joseph de Valines.

Ce dernier, seigneur de Valines, était en effet de naissance noble. Il fut suspecté d’avoir empoisonné trois personnes à l’arsenic, parmi lesquelles ses propres parents, et d’avoir tenté d’en empoisonne­r neuf autres…

Une enfance vite dévoyée

Joseph était enfant unique. Il témoigna très tôt d’un caractère rebelle. Alors qu’il étudiait au Collège d’Aire en Artois, il commit un premier vol chez un ami de son père. Alors âgé d’à peine 17 ans, il s’introduit avec effraction chez un chanoine. Ce petit délit eut une répercussi­on important pour le jeune Joseph puisqu’il fut tout bonnement expulsé du Collège. Il fut contraint de retourner chez ses parents à Valines où son père tomba malade très rapidement après le retour de son fils. Le pauvre homme fut pris de vomissemen­ts incessants sans que l’on puisse le soigner. Il mourut le 2 juillet 1763, soit deux jours après le début de sa crise.

Ce drame familial aurait pu en rester là si la mère de Joseph ne fut pas elle-même prise de ce terrible mal quelques semaines seulement après la mort de son époux. Elle tomba malade à la fin du même mois et présenta les mêmes symptômes que son époux. Elle suivit son mari dans la tombe quelques jours après. Joseph put alors enfin prendre possession de l’héritage de ses parents…

Le début de l’affaire

À ce moment-là, aucune accusation, ni même suspicion, ne fut portée contre le Jeune Joseph. Il faut avouer, outre son jeune âge qui portait naturellem­ent à le plaindre, que celui-ci se montrait inconsolab­le de la perte de ses deux parents en si peu de temps.

Cependant, la situation évolua quelques semaines plus tard, lorsque, en septembre 1763, Joseph se montra trop gourmand quant à l’héritage. Afin de consoler et d’épauler son neveu, l’oncle maternel de Joseph, M. Vieulaine, l’invita à déjeuner chez lui. Ce repas comptait de nombreuses autres personnes parmi lesquelles une autre tante, le curé de Vieulaine, le couple de Riencourt…

Suite dans notre prochaine édition

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Le château de Valines (gravure de 1853)

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