Deuxième victoire consécutive et record mondial pour Evens Stievenart
Evens Stievenart a signé un exploit de classe mondiale à la fin de l’été. Pilote automobile, l’Abbevillois est également un champion de cyclisme hors pair. Il a remporté pour la 2e fois les 24h du Mans vélo en parcourant 950 km !
Le Mans. Sa performance est passée presque inaperçue. Pas de retransmission télévisée. Pas de grands titres dans les médias nationaux. Pourtant, l’exploit réalisé par Evens Stievenart vaut largement la victoire de Chris Froome sur le Tour de France.
Imaginez-vous un instant enfourcher un vélo pour pédaler pendant 24 heures sur le circuit mythique du Mans. Le vainqueur étant celui qui arrive à parcourir le plus de kilomètres. Une course d’ultra-endurance qu’affectionne tout particulièrement l’Abbevillois désormais installé aux États-Unis.
« Savoir où se trouvent mes limites »
Après avoir remporté l’édition 2016 en bouclant 204 tours soit 853,74 km, Evens Stievenart a traversé l’Atlantique pour défendre son titre avec un double défi : finir 1er au classement solo et battre son record. Mais ce n’est pas passer la ligne d’arrivée en tête qui motive l’Abbevillois. « Les victoires, les records, c’est pas vraiment ce qui m’anime. Ce qui me passionne, c’est le processus pour les atteindre » indique le champion dans un documentaire qui lui était consacré à cette occasion.
« Tout le monde a des rêves. Moi, le mien, c’est de savoir où se trouvent mes limites » poursuit Evens en précisant concernant cette course pas comme les autres : « l’aspect le plus impressionnant de cette course, c’est le rythme. La concurrence t’impose de rouler comme si elle durait deux heures… »
Le Mans et ses 24 heures, Evens en a fait son objectif N°1 : « j’ai voulu revenir au Mans cette année car j’avais la sensation de pouvoir optimiser la performance de 2016. J’ai changé de matériel avec un vélo plus aérodynamique et j’ai adapté mon entraînement à ce que demande cette course unique. »
Et rouler sur ce circuit Bugatti du Mans est tout particulier pour cet athlète qui est également un pilote auto aguerri. Il a notamment participé au trophée Andros avec la Team Dacia et deux équipiers prestigieux, Alain et Nicolas Prost. Evens avait même remporté la course de Lans-enVercors.
Alors forcément « Pour le pilote que je suis, c’est simplement magique d’être là ! »
Une course populaire qui attire un grand nombre de participants. « Environ 500 compétiteurs étaient en permanence sur la piste, soit plus de 2400 coureurs au total. L’un des défis est d’éviter les chutes. Il faut rester alerte en permanence. »
Après un départ en fond de grille où étaient réunis les solos, l’Abbevillois a comme premier objectif de rejoindre au plus vite la tête de la course : « Il me faudra 2 tours à bloc pour rejoindre les équipes de tête. Pendant environ 5 h, trois autres solos resteront dans ma roue. »
9mn d’arrêt en 24h
Evens arrive à distancer puis à lâcher un à un ses poursuivants en roulant à une moyenne de plus de 42 km/h de moyenne… « Après 8h de course, je peux enfin commencer à respirer et surtout effectuer mon 1er arrêt : 4 minutes chrono ! »
« Nouveau maillot, 3 grands bidons pleins et environ 8h d’alimentation dans les poches, je retourne en piste en comptant 4 tours d’avance sur le 2e. »
Après 12h d’épreuve, l’Abbevillois compte 5 tours d’avance, « et on m’annonce aussi que pendant ces 12 premières heures, j’ai déjà parcouru 498 kilomètres. Mon objectif des 900 km est atteignable. On commence aussi à me parler de record de l’épreuve : 921 km réalisés par Sébastien Bertholet, référence française de ce type de course. »
À 1h15 de la fin de la course, Evens passe la barre des 900 km. « Mais la dernière heure va s’avérer la plus difficile de toutes. Je vis un véritable calvaire. Je n’avance plus… »
Au prix d’un courage hors normes, l’Abbevillois passe la ligne d’arrivée après 24h07 et 950 km parcourus en s’étant arrêté 9 minutes ! Record de l’épreuve. À peine descendu de vélo, « mon corps et mon esprit craquent. Je m’effondre littéralement ! Il me faudra 10-15 minutes pour retrouver mes esprits. »
Le talent d’Evens Steivenart n’a d’égal que son humilité à l’instar de sa conclusion : « je ne veux pas être le meilleur du monde. Je n’en ai pas du tout la prétention, je veux juste être le meilleur de moimême. » Y.D