La chance d’un « vrai » centre historique
Évidemment les travaux de réhabilitation des futurs locaux du musée ne sont pas sans surprises, pour autant l’avenir touristicohistorique de Crécy se phosphore toujours parmi les élus et les bénévoles. Et le rapprochement avec Azincourt se précise encore.
Projet et Histoire. Désormais on peut dire que Crécy-en-Ponthieu est un nom historique, en passe de se faire - enfin - une place parmi les haltes incontournables des médiévistes et autres amateurs d’Histoire. Depuis longtemps, le musée régit par l’association EMHISARC (émulation historique et archéologique) et la municipalité travaillent à l’épanouissement du site de la bataille de Crécy. Ces derniers mois, les choses se sont sérieusement précisées, tout spécialement en mai dernier lors de la venue de Bernard Schnerb, l’historien médiéviste de référence, professeur d’Histoire médiévale à l’université de Lille III et auteur de nombreux ouvrages et articles sur les batailles du XIVe et XVe siècle. Une réunion qui s’est tenue dans les locaux du musée crécéen en présence notamment d’un autre expert en la matière, Christophe Gilliot, directeur du centre historique et médiéval d’Azincourt (lire notre édition du 31 mai 2017).
Une concertation qui marche
Dans la foulée de cette rencontre, EMHISARC a poursuivi son chemin. Et le voeu de Bernard Schnerb de faire entre Crécy-en-Ponthieu pleinement parmi les sites touristico-historiques qui comptent à donner un coup de fouet au devenir du musée auquel la municipalité travaillait depuis plusieurs années à de nouveaux locaux. Et pour synchroniser les besoins, les travaux et les moyens à donner à ce nouveau site (l’ancien magasin JMT de l’avenue des Fusillés), une commission composée d’élus, de représentants du musée et d’administrés travaille sous la présidence d’Olivier Sueur, conseiller municipal. « C’est un rôle de courroie de transmission en quelque sorte entre la mairie et le projet ce futur centre d’interprétation historique de la bataille de Crécy » souligne Patrick Mitoire, président de l’association qui gère le musée, « l’objectif c’est aussi d’aller de l’avant et suivre les recommandations qu’on peut avoir auprès de Bernard Schnerb et du centre d’Azincourt. C’est un rapprochement très important pour nous, et la réunion de juin dernier a encore confirmé cet élan ». Et Olivier Sueur de confirmer : « nous allons orienter le site vers une vocation totalement médiévale avec une vraie complémentarité avec le site d’Azincourt ».
Autrement dit, mettre en évidence et couvrir « le règne de Philippe VI de Valois (13281350) ; en d’autres termes, les origines et le début de la guerre de Cent Ans. Outre l’aspect guerrier, une partie sera consacrée à la vie quotidienne au Moyen Âge »
explique la note d’intention résumant la vocation du site historique crécéen. « Le projet de Centre d’Interprétation de la bataille de Crécy (1346) se veut être complémentaire de celui d’Azincourt (1415) » souligne le dossier de présentation du projet crécéen qui met en évidence deux dates majeures de la « Guerre de Cent Ans », deux défaites cuisantes du trône de France devant les archers anglais. Et surtout deux épisodes qui marquent un tournant notoire dans l’Histoire de France et plus largement d’Europe. « Cette complémentarité nous amène à lier nos deux structures, tant sur le plan de la communication que dans l’animation des deux sites. Avec une forte « identité médiévale », ce partenariat est aussi un moyen d’apporter une synergie entre nos territoires (le Ponthieu et les 7 Vallées) au sein de la région des Hauts-de-France. Un véritable circuit historique pourrait voir le jour… » conclut le rapport d’EMHISARC.
Saisir une chance de développement
Pour le moment, les futurs locaux de ce centre historique crécéen sont encore en travaux. Et évidemment, le chantier ne va pas sans surprise, « il s’agit donc d’être prudent sur des dates d’ouverture ou de déménagement, mais très clairement on y travaille sérieusement. Il s’agit là d’un argument de poids pour le développement du tourisme historique à Crécy » concluait Olivier Sueur. Pour référence, le site d’Azincourt représente entre 25 000 et 30 000 visiteurs chaque année, dont une forte attractivité auprès du public britannique. Reste désormais aux collectivités, de la municipalité à l’État ou l’Europe, en passant par les organismes intercommunaux et autres conseils départemental et régional, de suivre - ou pas mais en tous les cas de prendre pleinement la mesure du potentiel que représente le développement historique de Crécy.
Désormais la question demeure combien ces collectivités sont-elles prêtes à investir pour l’avenir du Crécéen?
Johann Rauch