Le Journal d'Abbeville

L’affaire Joseph de Valines (ou « le dîner de Vieulaines »)

Chaque semaine, retrouvez les petits et grands événements qui ont marqué la Picardie Maritime à travers les siècles, et comment l’histoire locale a croisé les grands remous de l’Histoire de France…

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3e partie

La conduite du jeune Joseph de Valines dans l’affaire d’empoisonne­ment à l’arsenic eut tôt fait d’intriguer les enquêteurs. Les soupçons pesèrent rapidement sur lui et lorsqu’on découvrit qu’il s’était procuré du poison plus tôt dans l’année, les doutes se transformè­rent en accusation. Il fut conduit en prison sans qu’aucune preuve réelle ne soit apportée. C’est ce pourquoi les enquêteurs tentèrent de lui extorquer des aveux en ayant recours, sans succès, à la torture…

Et les parents Valines ?

Vite, les enquêteurs se penchèrent sur le décès brutal des deux parents de Joseph, eux aussi emportés par un mal foudroyant similaire. Pour lever le doute, les corps des deux parents furent exhumés pour être examinés. Hélas pour l’accusation, la décomposit­ion avancée des dépouilles ne permit pas d’identifier la cause de la mort. Peu importe, les enquêteurs firent appel au chirurgien qui fut appelé pour tenter de les soigner avant leur trépas. Celui-ci témoigna que les maux observés chez les victimes étaient concordant­s avec un empoisonne­ment à l’arsenic. Il n’en faut pas plus pour charger Joseph du meurtre de ses parents. L’accusation se basa sur les dires de l’accusé peu après la mort de sa mère. En effet, certains témoins rapportère­nt que Joseph avait déclaré avoir été empoisonné. Cependant, Joseph rétorqua que certes il avait bien dit cela mais qu’il faisait référence à une intoxicati­on au lait. Les témoignage­s à charge continuère­nt à accuser Joseph. Ce dernier aurait dit, après une violente dispute avec sa mère alors que celle-ci tentait de lui imposer une heure de coucher, qu’il serait bientôt son propre maître et qu’elle n’aurait plus à lui donner d’ordres. Selon un témoignage, sa mère l’aurait même accusé de tenter de la tuer alors qu’elle agonisait.

La condamnati­on

Malgré l’absence de preuves concrètes et les dénégation­s de l’accusé, Joseph fut condamné à mort pour meurtre par le lieutenant criminel d’Abbeville en mars 1764. Il fut donc reconnu d’avoir empoisonné à l’arsenic M. Riencourt, d’avoir tenté de tuer ses oncles et tantes, c’està-dire le couple de Vieulaine, d’avoir également attenté à la vie de la demoiselle Demay de Bonnelle, du curé de Vieulaine, de l’épouse Riencourt, de la demoiselle Lucet mais aussi de la cuisinière et du cocher du couple Vieulaine, ainsi que du serrurier Desvignes qui était aussi présent au repas. Il fut également reconnu d’avoir tué sa mère. En conséquenc­e, ses biens furent confisqués et la sentence prévoyait de lui briser les membres avant d’être jeté au feu.

Laëtitia Desmoutiez

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