Contrats aidés : « Qu’on ne nous dise pas qu’il s’agit d’emplois sans avenir »
À Flixecourt, 40 des 74 employés communaux sont en contrats aidés, qui représentent un vrai tremplin professionnel. Sans eux, la municipalité ne peut plus organiser un événement comme le festival du pipasso. L’intercommunalité est appelée à l’aide.
Après le festival du pipasso. Des emplois au rabais ? Des contrats sans avenir ? Les contrats aidés, dont le gouvernement souhaite baisser drastiquement le nombre, avant peut-être de les supprimer complètement, sont accusés de tous les maux.
À Flixecourt, pourtant, le maire Patrick Gaillard n’hésite pas à remettre en cause toutes ces accusations. « Des villes comme la nôtre ont besoin de ces contrats aidés pour fonctionner convenablement », clame-t-il. Sur les 74 salariés que compte la commune de Flixecourt, une quarantaine concernent en effet des contrats aidés. « Avec la réforme, nous espérons pouvoir en garder une vingtaine dans un premier temps », estime Patrick Gaillard.
En colère, ce dernier ironise aussi sur l’inefficacité présumée de ces contrats co-financés par l’État. « Sur les trente-cinq salariés qui ont un contrat ’’normal’’, entre guillemets, seuls deux ne sont pas d’anciens contrats aidés qui ont été titularisés !, souligne-t-il. Qu’on ne nous dise pas qu’il s’agit d’emplois sans avenir. À Flixecourt en tout cas, nous avons toujours prouvé que ce n’était pas le cas. »
À Flixecourt comme dans la plupart des communes, les effets sont en tout cas immédiats : au moins la moitié de ces contrats aidés ne seront pas renouvelés, et l’avenir reste très incertain. « À ce jour, nous avons simplement eu un accord pour deux personnes qui travaillent dans les écoles », ajoute encore Patrick Gaillard.
Parmi les conséquences directes sur la vie communale, l’organisation de certaines manifestations pourrait rencontrer des difficultés. C’est le cas du festival du pipasso, qui se déroulait le week-end dernier, et qui a attiré plusieurs centaines de personnes comme il le fait chaque année depuis huit ans, autour de la cornemuse picarde, et des cultures régionales en particulier.
Le festival du pipasso pourrait devenir intercommunal
Organisé par une association, Amuséon, le festival bénéficie du soutien actif de la commune : « Une quinzaine de nos salariés, tous en contrats aidés, ont travaillé à plein-temps sur l’organisation durant toute la semaine précédente », précise ainsi le maire. Ce dernier n’en fait pas mystère : sans eux, impossible pour la commune d’assurer la pérennisation de l’événement…
Dès l’année prochaine, le festival pourrait donc devenir intercommunal. C’est en tout cas le souhait de Patrick Gaillard, soutenu par le président de la communauté de communes Nièvre et Somme René Lognon. « Nous avons un service voirie de huit personnes, qui pourrait donner un coup de main pour l’organisation, explique ce dernier. Je proposerai lors du prochain débat d’orientation budgétaire que le festival devienne communautaire. »
Ce soutien attendu devrait donc sauver le pipasso, et assurer l’organisation d’une douzième édition en 2018.
Olivier Bacquet
Seuls deux de nos salariés ne sont pas issus des contrats aidés. Patrick Gaillard