Le Journal d'Abbeville

L’affaire Joseph de Valines (ou « le dîner de Vieulaines »)

Chaque semaine, retrouvez les petits et grands événements qui ont marqué la Picardie Maritime à travers les siècles, et comment l’histoire locale a croisé les grands remous de l’Histoire de France…

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4e partie

L’affaire fut alors portée en appel devant le Parlement de Paris, comme il était d’usage pour les peines de mort. La sentence fut infirmée pour certains chefs d’accusation en attendant que l’enquête soit approfondi­e (notamment concernant la mort du père de Valines). Joseph fut alors transféré dans la capitale où il fut torturé afin qu’il passe aux aveux. Il n’en fit rien. La sentence fut néanmoins confirmée pour le meurtre de Riencourt et pour les neuf tentatives d’empoisonne­ment. La condamnati­on ne concernait pas le parricide pour lequel seul des soupçons pesaient sur lui.

La sentence

Le jour même, Joseph fut ramené à Abbeville. Il y fut gardé emprisonné et surveillé jour et nuit. En septembre 1764, seulement quelques jours avant l’applicatio­n de la sentence, Joseph fut de nouveau soumis à la Question. Cette fois-ci, ses aveux furent complets et concernère­nt même la mort de ses parents.

Le jeune Joseph de Valines fut alors supplicié. Il fut brûlé vif sur le bûcher sur la place du marché d’Abbeville. Mais comme cela ne suffisait pas, il fut condamné à subir la roue avant le bûcher. Alors qu’un huissier lui lisait la sentence du haut de son cheval, le condamné fut attaché à une roue, le visage voilé, où le bourreau lui brisa les membres à coups de barre de fer… Il fut laissé là une heure avant d’être emmené sur le bûcher.

L’arrêt du Parlement prévoyait que les cendres du condamné soient recueillie­s afin d’être dispersées. Cependant, le gardien des capucins, touché par le repentir du jeune Joseph, les recueillie­s lui-même et les déposa dans le cimetière du couvent.

L’héritage

Les victimes de l’empoisonne­ment réclamèren­t des dommages et intérêts pour compenser le préjudice qu’elles avaient subi. Ainsi, la cuisinière de Vieulaine présenta une requête devant la Cour afin de recevoir la somme de 6 000 livres ; M. Riencourt demanda quant à lui 30 000 livres comme réparation et le curé 1 000 livres. Ces demandes furent bientôt imitées par les oncles et tante du condamné. En tout, la succession de Valines fut déficitair­e de 84 000 livres pour les réparation­s auprès des victimes. Ceci ne manqua pas de déclencher de vives polémiques et disputes entre les bénéficiai­res des réparation­s pour savoir qui devait recevoir quelque chose.

Cependant, toutes les victimes se mirent d’accord et s’unirent quand le versement de ces compensati­ons fut contesté par une autre héritière des parents de Valines : Mademoisel­le Leroi de Chartrouvi­lle…

Laëtitia Desmoutiez

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Le château de Valines (gravure de 1853)

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