Le Journal d'Abbeville

La Pont-Rémoise Julie Mallard invente la gothique Lady Elisabetha

Pont-Rémy est un village qui attire de nombreux peintres de tous horizons. Parmi eux, Julie Mallard, alias Lady Elisabetha, jeune artiste à l’univers gothique et flamboyant, dont le parcours est aussi atypique que le style.

-

La fillette s’ennuyait à l’hôpital La découverte du dessin était liée à des événements pas très joyeux. Julie Mallard Le style « gros oeil, petit oeil »

Portrait. Ne cherchez pas son nom sur ses tableaux : c’est de son nom d’artiste que Julie Mallard les signe. Lorsqu’elle est face à la toile, le pinceau à la main, la jeune Pont-Rémoise s’efface derrière « Lady Elisabetha », un alias qui résume parfaiteme­nt les goûts et l’univers pictural de la jeune femme.

Lady Elisabetha, c’est un personnage historique qui a bel et bien existé, et qui a inspiré le mythe de Dracula. N’y voyez pas un goût prononcé pour le sang, ou une propension à avoir des pensées morbides : Julie Mallard est une jeune femme souriante et bien dans ses baskets, mère de famille tout à fait épanouie.

Mais ses goûts portent volontiers vers le gothique, et un romantisme quelque peu macabre. Ses toiles, d’ailleurs, sont parcourues des grandes figures d’une certaine culture (plutôt américaine) : vampires, sorcières, croque-mitaines, squelettes… Mais vraiment rien de morbide là-dedans : ces grandes figures qui marient l’amour et la mort sont très pop, colorées, et finalement joyeuses.

Julie a découvert très jeune sa passion pour le dessin. « Je ne sais pas si cela peut expliquer les thèmes que j’ai choisis, mais ce sont des ennuis de santé qui m’ont amené au dessin, quand j’étais toute petite. Cette découverte était liée à des événements pas très joyeux de ma vie. » C’est à l’hôpital, où elle s’ennuyait ferme, que la petite Julie s’est mise à dessiner. Elle ne s’est jamais arrêtée depuis.

« Un peu plus tard, vers 7 ou 8 ans, j’ai commencé à prendre des cours, raconte-telle. J’étais l’une des seules enfants au milieu d’adultes, et j’ai beaucoup appris sur les techniques du dessin. » Des techniques qu’elle développe en copiant les dessins de Disney, d’Astérix, puis les peintres de la Renaissanc­e (Le Caravage ou Raphaël qu’elle affectionn­e particuliè­rement), puis encore ceux du 18e siècle (David…).

« J’ai suivi des cours, et notamment une prépa d’art. Mais j’ai aussi beaucoup appris en pratiquant chaque jour, et en lisant et relisant un livre sur les peintres du Louvres qu’on m’a offert pour mes 18 ans », explique Julie, qui se définit elle-même comme une autodidact­e. Mais la révélation, elle l’a eue en 2003, à l’âge de 20 ans, lorsqu’elle découvre un magazine aujourd’hui disparu, Elegy, consacré à la culture gothique.

« J’y ai découvert à peu près tout ce qui continue à m’influencer aujourd’hui : des peintres, musiciens, cinéastes, auteurs… Ces découverte­s ont révélé les goûts que j’avais déjà en moi, mais sur lesquels je ne savais pas mettre de mots. » Aujourd’hui, lorsque l’on découvre ses toiles, ses influences sautent aux yeux : les peintres de la Renaissanc­e, toujours, mais aussi des films comme La Belle et la Bête (celui avec Jean Marais) ou Blade Runner, et surtout le cinéma de Tim Burton (L’Étrange Noël de M. Jack, Sleepy Hollow…), omniprésen­t dans son travail.

Mais les inspiratio­ns multiples de Julie n’étouffent pas « Lady Elisabetha », qui a trouvé un style unique, qui commence à avoir une certaine réputation. « Le style ’’gros oeil, petit oeil’’, notamment, est quelque chose que je n’ai jamais vu ailleurs, c’est une signature qui m’est propre », commentet-elle, évoquant ses personnage­s qui, souvent, arbre un oeil plus imposant que l’autre.

Ce style commence à payer. Julie Mallard n’en vit pas encore, mais expose de plus en plus régulièrem­ent. Souvent à Auxerre, curieuseme­nt, où sa réputation circule désormais chez les galeristes (elle y sera encore le weekend du 21 octobre). Plus rarement dans notre région, où son univers continue à surprendre.

Après avoir participé à une exposition collective des artistes pont-rémois, elle a toutefois pu exposer ses toiles, seule, à l’ancienne mairie de Pont-Rémy le mois dernier. Jusqu’à la fin du mois, on peut également découvrir quelques-unes de ses oeuvres au B’Art et Toiles à Abbeville…

Olivier Bacquet

■RENDEZ-VOUS

Exposition au B’Art et Toiles (4 avenue Aristide Briand à Abbeville) jusqu’au 1er novembre

 ??  ?? Julie Mallard ou Lady Elisabetha… un univers très inspiré du cinéma de Tim Burton
Julie Mallard ou Lady Elisabetha… un univers très inspiré du cinéma de Tim Burton

Newspapers in French

Newspapers from France