D. Lavoie : « Je vais vous faire pleurer »
Daniel Lavoie sera avec la troupe de Notre Dame de Paris, les vendredi 27 et samedi 28 octobre sur la scène du Zénith d’Amiens. À cette occasion, il a répondu à nos questions.
Motivation. Qu’est-ce qui vous a convaincu de reprendre le rôle de Frollo en 2016 ?
Beaucoup de choses différentes. J’arrivais à une certaine lassitude. J’étais retourné à mon métier d’auteur-compositeur. Dans l’intervalle entre le premier et le nouveau spectacle, j’ai fait vingt années de travail de réalisation et de toutes sortes de choses. J’avais envie de changement. Deuxièmement j’étais très curieux de savoir si je serais capable de le faire. C’est un défi personnel. La troisième chose : c’est un pur plaisir de chanter dans une comédie musicale, dans un grand spectacle comme celui-là. C’est un grand bonheur de pouvoir le faire. C’est la Cadillac du métier.
Rôle. Un rôle de méchant, ce n’est cependant pas toujours facile à tenir.
C’est pas vraiment un rôle de méchant. Frollo il est déséquilibré, malheureux mais pas nécessairement quelqu’un de méchant. C’est quelqu’un de relativement bon qui aime Quasimodo. Il l’a recueilli, lui a donné une éducation et du travail. C’est quelqu’un de bon, de curieux, qui subit les affres d’un coup de foudre qui le rend hors de lui. Il devient quelqu’un d’autre. C’est ce que j’essaie de rendre, mais ce n’est pas un méchant, même s’il fait des choses méchantes. J’ai la chance de pouvoir jouer un personnage beaucoup plus complexe que le noir et le blanc.
Évolution. Comment a évolué le spectacle pendant les 18 ans de son existence ?
En 1998 il y avait une hystérie collective qui était remarquable sur toute la France. Cette fois si ce sont de très très belles salles partout mais ce n’est pas la même folie qu’il y avait à l’époque. Je vis cela avec moins de stress. Pour le spectacle luimême, il a été retravaillé. Les boulons ont été resserrés, les petits passages qui pouvaient être ennuyeux ont été enlevés. C’est un spectacle qui a été poli, peaufiné. On s’y retrouve cependant tout en se rendant compte qu’il y a une fluidité qui n’était peut-être pas là au départ.
Quelqu’un d’autre. Si vous n’aviez pas joué Frollo, quel autre personnage vous aurait tenté ? Esmeralda. Pourquoi ? Pour me faire pendre au lieu de me faire précipiter du haut de la tour de Notre Dame tous les soirs.
Activités. Vos autres activités, c’est fini pour le moment
J’ai presque 70 ans et le métier m’intéresse moins qu’auparavant. De la musique, je continue à en faire chez moi mais beaucoup moins qu’avant. Je n’ai plus cette folie qui me poussait toujours vers l’avant.
Envie. Que diriez-vous à quelqu’un qui n’a pas encore acheté sa place pour l’inciter à venir vous voir sur scène à Amiens ?
Ils ne seront pas déçus. Je leur dirais d’apporter leurs mouchoirs car j’ai bien l’intention de faire pleurer tout le monde, et je crois que c’est plutôt réussi car je vois beaucoup de mouchoirs. C’est ça avec les mélodrames, on pleure, on pleure et après on rit. C’est une catharsis remarquable et cela fonctionne toujours.
Propos recueillis par Dominique Delannoy
■RENDEZ-VOUS
« Notre Dame de Paris », spectacle de Luc Plamondon et Richard Cocciante, d’après l’oeuvre de Victor Hugo, au Zénith d’Amiens vendredi 27 octobre à 20 h 30 et samedi 28 à 15 h. Prix des places : 28 à 69 €. Rens. 01 43 59 15 78