Le Journal d'Elbeuf

MC Solaar chante Elbeuf

Dans « Sonotone » le premier single extrait de l’album « géopoétiqu­e », qui sortira le 3 novembre prochain, MC Solaar évoque une ville où il est venu donner un concert à la péniche, au début des années 1990 et, depuis, restée chère à son coeur.

- Patrick PELLERIN

« J’ai du sang neuf, je veux mille meufs / Plus mille potes de Bangkok à Elbeuf / Le tout si possible arrosé de mille teufs ».

Rappeur emblématiq­ue des années 90, MC Solaar n’avait plus sorti un album depuis dix ans. À 48 ans, l’interprète de Bouge de là s’apprête à combler ce vide, le 3 novembre prochain, avec Géopoétiqu­e. Un album qu’il présente comme « un voyage » dans lequel il y aura de la poésie, « un peu abstraite » mais aussi « la vie des gens » et « un peu de politique ».

57 ans après Brel

Ses fans ont déjà eu un avantgoût avec Sonotone, le premier single extrait de cet album, sorti le 1er septembre. Une belle surprise pour les Normands et particuliè­rement les Elbeuviens puisqu’il y parle de leur ville !

Ce n’est pas la première fois qu’un chanteur évoque Elbeuf au détour d’une chanson puisque Jacques Brel, en 1960, dans La Dame patronness­e y faisait déjà allusion en ces termes : « Pour faire une bonne dame patronness­e / Il faut organiser ses largesses / Car comme disait le duc d’elbeuf : / «C’t avec du vieux qu’on fait du neuf» ». Une référence, qui sait à Carlo, le tailleur grec de la rue Jean-jaurès, qui avait réalisé pour lui plusieurs costumes ?

Un souvenir de concert

Comme « le grand Jacques », le rappeur poète, joue avec les mots, impose son rythme et, dans Sonotone, fait rimer Elbeuf avec teufs et meufs. Si la rime est parfaite, elle ne doit rien au hasard « L’as de pique qui pique nos coeurs » se souvient très bien d’elbeuf.

« C’était il y a plus de vingt ans, a raconté Claude M’barali, alias MC Solaar au micro de Boris Hallier, de France Bleu. J’avais été invité. On a passé un supermomen­t ; on était des Parisiens, on est venu à trois je crois. On est arrivé et il y a eu un phénomène d’osmose, on était exactement des gens pareils, on marchait à pied, et hop, on a découvert cette péniche. Pour nous, c’était hallucinan­t. À un moment donné, il y avait plein, plein de gens, des gens qui aimaient le rap et on a fait la fête, il y avait des boissons à l’orange – il n’y avait pas encore de l’alcool dans ce temps-là - des chips, des plats arabes et… plein de gens. Nous, on était un peu l’étrangeté ! Pour moi, la ville d’elbeuf, elle est dans mon inconscien­t car elle est dans mon cerveau depuis vingtcinq ans ».

Implantée au coeur du Puchot le 13 juin 1991 dans le cadre du DSQ (développem­ent social des quartiers), afin d’être aménagée en café-musique, la fameuse péniche avait fait l’objet d’une inaugurati­on en musique à l’occasion de la fête annuelle du DSQ qui survenait deux jours plus tard.

Une fête inoubliabl­e

« Nous avions demandé aux jeunes du quartier qui ils voulaient faire venir pour le concert et ils avaient choisi MC Solaar, se souvient Bernard Le Noac’h, à l’époque responsabl­e de l’office d’action culturelle. MC Solaar était au tout début de sa carrière mais il était déjà connu dans le monde du rap et des jeunes. Il avait passé la journée à Elbeuf avec son groupe et avait répété au Cirque-théâtre. Peu de temps après, il avait d’ailleurs sorti un single et au dos du CD il remerciait la ville d’elbeuf pour son accueil » .

La première partie avait été assurée par les jeunes rappeurs du Puchot du groupe RBJ. Cette fête a marqué les esprits des Elbeuviens présents ce jour-là, au nombre desquels Karim Merabet, aujourd’hui responsabl­e du service jeunesse et citoyennet­é mais aussi de la gestion et de la programmat­ion de la péniche. « La scène avait été dressée devant la péniche, le bateau servant de loge. Lui et ses copains avaient mangé avec nous dans l’ancienne école Malraux. Il avait été marqué effectivem­ent par la péniche mais aussi les deux grandes tours, qui lui avaient servi à se repérer pour nous trouver » .

Boucler la boucle

Dans le public, il y avait également Djoudé Merabet, aujourd’hui maire d’elbeuf. «À l’époque j’avais une vingtaine d’années et encore quelques cheveux. Je me souviens en-

core de l’arrivée de cette péniche dans le quartier, à bord d’un camion. Le concert de MC Solaar, c’était la cerise sur le gâteau. Il est le bienvenu s’il veut revenir ici. Je pense que les Elbeuviens lui réserveron­t un très bon accueil ».

Une invitation qui fait écho à l’interrogat­ion du rappeur : « La prochaine fois, je m’arrête-

rai à Elbeuf, j’irai voir si la Péniche existe encore ! »

Et s’il revenait donner un concert à Elbeuf, histoire de boucler la boucle ? Nul doute qu’il serait bien accueilli car, comme le chantait si bien Jacques Brel « c’est avec du vieux qu’on fait du neuf » !

 ??  ??
 ??  ?? En 1991, MC Solaar n’était pas encore dans le star-system, mais dans le monde du rap, il était déjà connu, en pleine ascension.
En 1991, MC Solaar n’était pas encore dans le star-system, mais dans le monde du rap, il était déjà connu, en pleine ascension.

Newspapers in French

Newspapers from France