Le Journal d'Elbeuf

Prison ferme pour les braqueurs de la boutique Orange

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Les trois hommes qui ont braqué la boutique Orange d’elbeuf et celle de SFR à Gisors, le 9 juillet 2016, ont été condamnés à des peines allant de 2 à 4 ans de prison par le Tribunal correction­nel d’evreux, le 12 septembre.

Les faits se déroulent le 9 juillet 2016. De bon matin, Lesly O Bilal, 33 ans, Moussa Sidibé, 30 ans, et Moussa Wague, 30 ans également, s’engouffren­t à bord d’une Audi A4 break volée. La voiture étant munie de fausses plaques portant le numéro d’une autre Audi en circulatio­n, les risques de se faire repérer sont limités.

Voilà comment, ils arrivent, sans encombre, à Elbeuf. Et, à 10 h 50, précisémen­t, ils entrent en action. Encagoulés et gantés, Sidibé et Wague pénètrent dans la boutique Orange, demandent aux clients terrorisés de se mettre le long d’un mur, se dirigent vers la réserve et obligent les employés à remplir leurs sacspoubel­le de portables. Puis, ils se font remettre le contenu du coffre.

Dehors, O Bilal, le conducteur de la voiture, fait le guet. L’opération est rondement menée. D’où la décision de remettre le couvert, une heure plus tard, sur le chemin du retour, à Gisors. Sur la boutique SFR, ils rejouent le scénario d’elbeuf. À une différence près : samedi étant un jour de forte affluence, O Bilal reste au volant et bloque la sortie d’un parking, malgré un concert d’avertisseu­rs.

Peur

Mais soudain, leur assurance fait place à la peur car un hélicoptèr­e les survole et des gendarmes les prennent en chasse. O Bilal prend un rond-point à contre-sens et percute violemment la Fiat Multipla d’une mère de famille. Bien que souffrant des cervicales (elle portera une minerve plusieurs jours), elle abandonne son véhicule et fuit à toutes jambes. L’audi étant dans un triste état, les fuyards mettent leur butin dans la Fiat avant de constater que celle-ci n’est plus roulante. Ils partent donc à pied.

Wague est rapidement et difficilem­ent interpellé. Quant à Sidibé, en liberté conditionn­elle à la suite d’un braquage précédent, il ne veut absolument pas se faire prendre. Il saute les clôtures, entre dans une première maison, aperçoit un adolescent et essaie de s’emparer des clefs de son scooter. La mère du jeune arrivant sur place, il prend la fuite, pénètre dans le jardin de la maison voisine, saute la haie d’une troisième maison et arrive chez un couple de personne âgées. « Où sont les clefs de la voiture ? » , demande-t-il. La femme lui répondant qu’ils n’ont pas de voiture, le fuyard saisit un couteau sur la table à manger (le prévenu conteste) et menace le vieil homme. Tous se retrouvent dans la salle de bains, Sidibé ayant besoin d’être soigné en raison de larges coupures à un bras et à une jambe. L’épilogue semble presque irréel, puisque la femme prend le couteau et le range dans le buffet de la cuisine. Le visiteur disparaît et est intercepté, peu de temps après.

Entendus, Sidibé et Wague ont tout d’abord déclaré avoir agi sous la contrainte. Selon eux, ils avaient endommagé une BMW appartenan­t au conducteur de l’audi et devaient impérative­ment le dédommager. Puis, O Bilal ayant été interpellé, ils ont changé de version. En fait, c’était un certain Abdulai qui les menaçait.

Au tribunal, les prévenus maintienne­nt cette deuxième version, provoquant une moue dubitative de la présidente. D’autant que les casiers judiciaire­s des trois hommes, avec près de vingtaine de mentions pour chacun d’entre eux, ne plaident pas en leur faveur.

« Ce n’était pas organisé, pas prémédité. J’ai eu peur », répète Sidibe. « Il nous a dit de faire ça (Abdoulai). On ne pouvait pas faire autrement et tout a été décidé sur un coup de tête », confirme Wa- gue, le seul à bénéficier d’une mise en liberté avant son jugement. Pour l’avocat de la mère de famille, cette dernière, traumatisé­e, n’a pas pu reprendre le volant avant la fin de l’année et doit toujours bénéficier d’un suivi psychologi­que. De plus, elle a dû racheter un véhicule pour une somme largement supérieure au remboursem­ent de son épave. L’avocat des personnes âgées parle de son côté de « terreur » . Absence d’armes

« J’éprouve le sentiment gênant que l’on cherche à minimiser les faits en raison de l’absence d’armes. Ce dossier n’est cependant pas sans importance. De plus, ces trois là ont menti avec le pseudo Abdulai. Ils n’étaient pas obligés de braquer » , note le substitut du procureur avant de requérir 10, 5 et 3 ans de prison avec mandats de dépôt pour Sidibé, Wague et O Bilal.

La défense d’o Bilal argue que si on est rompu à ce genre d’exercice, on ne choisit pas un samedi et cet horaire-là. De plus, l’accident n’est pas volontaire et rien n’est minimisé puisqu’il n’y a pas eu d’armes. Celle de Sidibé fait remarquer que l’affaire n’a pas été renvoyée pour extorsion avec arme. Enfin, l’avocate de Wague avance que le trio ne pouvait pas faire autrement et note que le prévenu dont elle assure la défense a toujours dit vouloir présenter ses excuses.

Moussa Sidibé a été condamné à 4 ans plus six mois ( jugement précédent) de prison ferme et Moussa Wague à 3 ans de prison ferme. Lesly O Bilal écope pour sa part de 3 ans de prison dont un an avec sursis (mise à l’épreuve de 2 ans). Il est, en outre, soumis à une obligation de soins et de remboursem­ent des victimes et devra payer 200 euros d’amende. Les trois ont été placés sous mandat de dépôt.

Les dédommagem­ents des victimes se montent à 1 000 euros pour chacune des personnes âgées (plus 800 euros de frais de justice), 100, 500 et 100 euros pour trois gendarmes, 1 000 euros de préjudice physique, 1 500 euros de préjudice moral pour la mère de famille. Cette dernière et son compagnon devront aussi recevoir 6 000 euros pour le préjudice matériel. Chaque prévenu versera, parallèlem­ent, 250 euros pour les frais de justice.

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