Le Journal d'Abbeville

Une pluie bénéfique

Après une longue période de sécheresse, les pluies reviennent. Une arrivée idéale, pour le début des stationnem­ents des canards et des bécassines des marais, mais pas uniquement.

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Les chaleurs estivales ont mis en assec bien des bas marais et des berges découvrant des vasières absolument nécessaire­s au passage des limicoles migrateurs comme les chevaliers à la recherche des invertébré­s de la vase. On y voit aussi trottiner de nombreuses Bergeronne­ttes grises ou printanièr­es tout comme des étourneaux. Sur ces vasières vont se développer des plantes d’assec à la croissance rapide et à forte production de graines.

Du caviar pour les canards

Ces espaces remis en eau avec les dernières pluies vont voir toutes ces graines flottant en surface. Voilà un véritable « caviar » pour les canards qui arrivent en migration. Les plus nombreux en cette période sont les Canards souchets avec leur bec caractéris­tique en forme de spatule. Certes ils se nourrissen­t en filtrant surtout de crustacés planctoniq­ues mais aussi dans une part plus faible de graines. Pour ceux qui se répandent dans le nord et l’ouest du pays, ils arrivent du nord ouest de la Russie, du sud de la Scandinavi­e et des îles britanniqu­es. Les nombreux oiseaux arrivant en Camargue et dans le bassin méditerran­éen viennent d’Europe centrale jusqu’à la Sibérie occidental­e. Si beaucoup ne vont que transiter dans notre région pour gagner la façade atlantique, néanmoins de plus en plus d’oiseaux vont hiverner sur notre littoral. Phénomène nouveau du fait de la régularité des hivers doux et de la création récente de réserve favorable à l’espèce comme le lagunage de Fort-Mahon Plage ou le site de Grand-Laviers en réseau étroit pour cette espèce avec le parc du Marquenter­re. La Camargue reste le grand site d’hivernage français pour le Canard souchet avec plus de 19 000 oiseaux en 2004.

Certains arrivent, d’autres s’en vont

Les dernières Sarcelles d’été s’attardent avant de gagner le lac Tchad ou le delta du fleuve Sénégal. Leurs marques claires sur la tête comme un délicat maquillage les distinguen­t de leur cousine d’hiver qui arrive dans notre région en nombre. Tout au long de ces routes migratoire­s entre toundra et lagune tropicale les anatidés devront partout trouver des lieux tranquille­s pour se reposer, se nourrir, puis hiverner dans des sites suffisamme­nt vastes et riches sur le temps en ressources alimentair­es ce qui dépend souvent de la pluviométr­ie automnale. La mémoire positive d’un lieu est essentiell­e pour mieux y revenir l’année suivante.

Un Phalarope au Parc du Marquenter­re

Un Phalarope à bec étroit a été observé au Parc du Marquenter­re. Le Phalarope à bec étroit est un petit échassier nichant en Scandinavi­e et en Russie, passant ensuite la majeure partie de son temps en haute mer en migration pour finalement hiverner le long des côtes du Golfe persique et de l’Océan indien… Un sacré périple migratoire en boucle. Il a la particular­ité rare que le mâle est moins coloré que la femelle puisque celle-ci parade et est polyandre laissant au mâle le soin de s’occuper seul de la couvée et de l’élevage rapide des poussins.

Un juvénile est observé le 5 et 6 septembre au poste 4 avec le fort vent d’ouest profitant, avec les niveaux d’eau bas et la chaleur, de la manne d’insectes en surface. Observé tous les ans et demi de 1973 à 1993, ce phalarope est observé maintenant quasiment chaque année de 1994 à 2017 au parc. Comme au niveau national, la majorité des données concerne la migration postnuptia­le. Mais les observatio­ns de printemps augmentent aussi (8) s’étalant du 28 avril (1986) à la mi-juin. Avec le réchauffem­ent climatique les périodes de forts vents augmentent obligeant les oiseaux à fréquenter de plus en plus le parc comme zone refuge. Le Parc du Marquenter­re est devenu un des lieux les plus réguliers en France (environ une cinquantai­ne d’oiseaux observés par an) pour l’observatio­n de ce petit limicole.

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Chez le Phalarope à bec droit, la femelle laisse au mâle le soin de s’occuper seul de la couvée

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