« Ce n’est pas l’État qui tranchera à la fin »
Le conseil du Parc Naturel marin tranchera sur la question de l’éolien offshore au large de Dieppe et du Tréport le 20 octobre, et tient à rappeler que son avis est souverain en la matière…
Environnement. Le conseil de gestion du parc naturel marin (PNM) des estuaires picards et de la mer d’Opale s’est tenu la semaine dernière dans les locaux de la chambre de commerce et de l’industrie à Abbeville. Il s’agissait aussi du dernier « atelier de travail » dans le cadre d’une réflexion menée depuis mai dernier au sujet de l’implantation d’un par éolien au large du Tréport. Il s’agit aussi du premier projet de ferme éolienne offshore dans les eaux territoriales françaises qui, à l’heure des grands paris politico-écologiques sur les énergies propres, recèle d’une pression sans précédent dans le Landerneau local tout particulièrement. « Anti » d’un côté, « pro » de l’autre, on a assisté ces derniers mois à des réunions publiques qui ont déchaîné les passions, et souvent creusé des antagonismes profonds.
Pour Dominique Godefroy, vice-président de l’agglomération boulonnaise, directeur du centre Manche – Mer du Nord de l’Ifremer et président du Parc Naturel Marin : « il n’est absolument pas question d’entrer dans ce type de débat. La position de notre instance est de veiller à l’impact de tout projet sur l’environnement maritime. Celui-ci est de taille, et c’est de surcroît le premier de cette nature en France… C’est l’occasion idéale de montrer tout l’intérêt d’un conseil de gestion de parc naturel marin composé d’acteurs locaux ». Un propos qui devait étayer une mise en garde, si ce n’était une menace en direction de l’État quant au « poids » de l’avis des conseils de gestion. Ces derniers s’étaient en effet initialement vu attribuer un « avis conforme ». Autrement dit, un avis auquel tout investissement public ou privé, par exemple, doit se conformer. « Nous n’avons pas vocation à être une assemblée qui donne seulement des avis consultatifs, qu’on suit ou pas ! Les parcs naturels marins ont cette spécificité de disposer d’un avis dit « conforme » de compter des représentants de l’État bien entendu, mais aussi des élus locaux, des scientifiques, des pêcheurs, des chasseurs, des ornithologues, des plaisanciers, des sportifs… bref toutes sortes d’usagers qui ont une expertise, et un poids dans la vie locale. Et c’est le vote et les recommandations de ce collège qui font foi, ce n’est pas l’État seul qui tranche à la fin »
La démission de masse si l’avis des PNM n’est plus souverain
« L’idée est séduisante mais dans la pratique ce n’est pas toujours évident de la faire admettre, et pire encore je trouve inadmissible qu’on tente de changer les règles en cours de route comme nous avons commencer à le sentir venir en juin dernier » martelait le président qui tenait en premier lieu à démontrer que personne au conseil de gestion du Parc Naturel Marin ne comptait transiger avec cette donne : « C’est l’exemple même de la démocratie participative et notre avis conforme devait être remis en question, c’est l’ensemble des présidents de la dizaine de conseils de gestion de parcs naturels marins de France qui donneront leurs démissions ».
Verdict le 20 octobre
Le conseil de gestion du Parc Naturel Marin des estuaires picards et de la mer d’Opale compte soixante membres, et lors du point presse de la dernière réunion à Abbeville pas un mot ne devait filtrer sur la tendance du conseil de gestion quant à l’implantation si controversée de ce parc éolien : « si notre instance se prononce contre. Le dossier est clos. Si nous nous prononçons favorablement, avec ou sans recommandations environnementales, techniques… celles-ci ne seront pas négociables. Mais ce qui est acquis c’est que tout avis sera fondé sur des argumentaires solides et sérieux sur l’ensemble des points des 7 000 pages de rapports qui nous a été remis quant au projet de parc éolien, et ce loin de tout dogmatisme idéologique, et que le jour du scrutin, vendredi 20 octobre, je demanderai un vote à bulletin secret. Dans tous les cas, il faut s’attendre à des contentieux en justice de l’une ou l’autre des parties, automatiquement on fera des déçus » prévenait d’ores et déjà le président Godefroy.
Johann Rauch
Notre avis doit faire foi