Le Journal de l'Orne

Dopage : le Dr Mabuse encore condamné

Bernard Sainz, alias Dr Mabuse, a été condamné, mardi 5 septembre, à neuf mois de prison ferme pour incitation au dopage dans le monde du cyclisme, à Caen.

- Actu.fr

Alemenêche­s. Bernard Sainz, alias Dr Mabuse, a été condamné à neuf mois de prison ferme et 20 000 euros d’amende pour « incitation au dopage » dans le monde du cyclisme amateur et semiprofes­sionnel, au tribunal correction­nel de Caen, mardi 5 septembre.

« Incitation au dopage »

« Les témoignage­s, trois directs et cinq indirects, disent tous la même chose. Le rôle de Bernard Sainz, c’est la rédaction de protocoles de dopage qu’il dicte » aux coureurs, avait estimé, lors de l’audience dui 4 juillet 2017, Joséphine Lecardeur, vice-procureur de la République, avant de demander une peine un peu moins importante : six mois de prison ferme et 20 000 euros d’amende.

Et « c’est une activité très rémunératr­ice » , avait ajouté la magistrate, citant un dépôt d’espèces de 70 000 euros sur le compte de l’ex- épouse de celui qui se présente comme un « spécialist­e des médecines douces » .

Bernard Sainz, 74 ans, comparaiss­ait pour « incitation au

dopage » dans cette affaire qui concerne le cyclisme amateur et dans laquelle étaient poursuivie­s 11 personnes au total. Les dix autres prévenus ont également été reconnus coupables et condamnés à des peines allant de trois mois de prison avec sursis à huit mois de prison avec sursis et 2 000 euros d’amende.

Sept années d’instructio­n

Démarrée en 2010, l’instructio­n a nécessité sept années de procédures, avant que le dossier n’arrive devant le tribunal correction­nel de Caen avec, au total, 11 prévenus accusés de dopage.

Six coureurs amateurs, qui ont reconnu les faits, étaient poursuivis : « Nous étions prêts à tout pour y arriver, a résumé l’un d’eux, à la barre, lors du procès, le 4 juillet. Tout, c’est de l’EPO, des corticoïde­s ou de l’hormone de croissance que l’on se procure sur Internet, en Pologne ou via une pharmacie en Andorre » .

À l’époque, l’un des prévenus utilisait la carte bancaire « d’une copine de sa mère » pour payer les produits en question. Rivaux dans les pelotons, les coureurs se dépannaien­t l’un l’autre quand il leur manquait un produit.

Aux côtés des sportifs, figurait également un médecin « pas trop regardant » , qui délivrait des ordonnance­s de corticoïde­s sans voir les patients, un pharmacien et deux préparateu­rs qui dérobaient les médicament­s anti-cancer à base d’EPO, et un portier de boîte de nuit, devenu champion de musculatio­n, qui jouait les intermédia­ires.

2014 : Bernard Sainz apparaît

Ce n’est qu’en 2014 que le nom de Bernard Sainz est apparu dans l’enquête. Il est alors mis en cause par un champion de cyclocross décédé d’une overdose de cocaïne pendant l’instructio­n du dossier.

Le défunt avait déclaré que Bernard Sainz donnait des pro- tocoles de dopage par oral, désignant les substances par des codes homépathiq­ues qu’il devait apprendre par coeur. Le soigneur prescrivai­t aussi des gouttes. Autant d’accusation­s que Bernard Sainz avait balayé devant le tribunal le 4 juillet : « Je n’interviens jamais dans la décision de se doper, ni dans les modalités. Les expertises ont démontré que les gouttes ne pouvaient pas masquer un produit dopant. »

Bernard Sainz a déjà été condamné en 2014 par la cour d’appel de Paris à deux ans de prison, dont 20 mois avec sursis, notamment pour incitation au dopage et exercice illégal de la médecine. En 2013, la cour d’appel de Caen l’avait, elle, condamné à 3 000 euros d’amende pour exercice illégal de la médecine et travail dissimulé dans une affaire liée à des pratiques de dopage de chevaux.

 ?? (© Le Journal de l’Orne). ?? Le naturopath­e Bernard Sainz, surnommé Dr Mabuse, était présent lors de son procès qui s’est déroulé au tribunal de Caen (Calvados), le 4 juillet 2017.
(© Le Journal de l’Orne). Le naturopath­e Bernard Sainz, surnommé Dr Mabuse, était présent lors de son procès qui s’est déroulé au tribunal de Caen (Calvados), le 4 juillet 2017.

Newspapers in French

Newspapers from France