Comment se bâtit une saison
La saison culturelle va reprendre le 29 septembre. L’occasion de dialoguer avec Véronique Forest, la directrice du Quai des Arts sur le programme à venir et surtout sur sa manière de construire un calendrier de spectacles.
Culture. « On est dessus depuis deux ans… » , Véronique Forest, la directrice du Quai des Arts, à Argentan, tient l’objet dans ses mains. Elle l’ouvre, le referme, le feuillette… Elle est fière du programme de cette année. « C’est vraiment l’objet qui rend notre travail visible. Et quand on voit l’objet, on est ravi. »
Musique, théâtre, danse, cirque… Tout passe dans le viseur de la directrice. « C’est un travail de très longue haleine. Là, par exemple, la saison 17 - 18 n’a pas encore commencé que je suis en train de travailler sur le 18 - 19. »
Faire des choix
Construire une saison culturelle, c’est son métier. Et ces mois de labeur ont pour résultat ce que les Argentanais pourront aller voir, ou pas, au Quai des Arts. « Il y a plusieurs manières de construire une programmation » , note-t-elle. « Croulant sous les propositions artistiques » , la partie principale de son travail est d’abord de faire des choix et de sélectionner les spectacles qui pourraient intéresser le public.
C’est à ce niveau-là que le curseur est délicat à placer. Faut-il tout miser sur des prestations dites grand public au risque de passer à côté de pro- ductions plus méconnues mais de qualités ? « Il faut savoir mélanger les découvertes et les artistes confirmés » , tranche la directrice. Tout en notant que le « budget, bien que constant, fait partie des contraintes. »
Des limites techniques et artistiques
« Il y a trois limites dans la construction de la pro- grammation. Financière, technique et artistique. » Par exemple, le Quai des Arts (bien que ce soit « la plus belle salle du département » ) ne pourrait pas accueillir trop d’animaux sur scène. Ou encore, la location technique ne doit pas doubler le budget pour un spectacle. Sans oublier qu’ « on perd de l’argent sur un spectacle. Il faut juste ne pas en perdre trop » .
« Notre contrainte artistique consiste à mettre en avant des auteurs vivants. C’est l’identité de la salle. Nous défendons une programmation pluridisciplinaire. » Véronique Forest marche donc sur une ligne très fine. Où les contraintes sont légion.
Néanmoins sa mission consiste à prescrire une forte dose de culture dans la troi- sième ville de l’Orne. A priori, l’année dernière, la mission a été plutôt réussie puisque 17 000 entrées ont été enregistrées. De quoi rendre heureuse la directrice qui souhaite, avant tout, « créer une rencontre entre les artistes et le public » . « Nous sommes en territoire rural. Et le Quai des Arts est le seul lieu de diffusion de la culture. C’est le reflet de la création contem- poraine » , décrit-elle.
Le travail de Véronique Forest correspond donc à trier « les pépites du marché actuel » pour les présenter au plus grand nombre. Mais, parfois, c’est à elle de sortir de son bureau et d’assister à des festivals en provinces ou à Paris. Cette année par exemple, elle a participé à un « très bon Avignon » , dont certaines représentations seront donc à l’affiche du Quai des Arts l’année prochaine.
L’art pour tout le monde
Parfois, c’est à elle d’aller à la rencontre de l’artiste et de sa production. Ça a notamment été le cas pour faire venir Valérie Lemercier lors de la dernière saison culturelle.
Une chose est sûre, lorsqu’elle maçonne le programme, elle a toujours en tête que ce dernier doit convenir au plus grand nombre. « Je pense à tous les publics et à tous les âges » , ainsi, un spectacle pour les bébés de six mois (le Festival des Trop Petits) sera même présenté au Quai des Arts.
Entre la trompette de Truffaz, l’humour de Guillaume Meurice, l’hommage de Jeanne Cheral à Barbara ou la pièce Edmond (lauréate de cinq molières), le public aura largement de quoi juger le travail de la directrice de la programmation.