Le Journal de l'Orne

Les restes d’un aviateur déterrés

Des fouilles archéologi­ques viennent de s’achever dans le pays de Briouze. Elles ont permis d’exhumer ce qui pourrait être les restes de Burleigh Edward Curtis, pilote de l’US Air Force dont l’avion s’est écrasé en juin 1944.

- Voir la galerie photos et la vidéo sur le site www. lornecomba­ttante.fr Maxime TURBERVILL­E

Les fouilles ont lieu depuis trois semaines dans le plus grand des secrets. Mais mardi 12 septembre, les acteurs ont dévoilé une partie de l’histoire que révèlent ces recherches.

Dans un champ, les restes d’un homme ont été retrouvés. « Des preuves », comme l’explique le Dr Agamemnon Gus Pantel, anthropolo­gue et archéologu­e de l’associatio­n américaine History Flight.

Le « boss » de ces fouilles menées en collaborat­ion avec l’Associatio­n normande du Souvenir Aérien 1939-3945 (Ansa) (lire par ailleurs).

Un avion s’écrase en juin 1944

Le 13 juin 1944, alors qu’il survole Briouze, un avion s’écrase dans un champ dans le pays de Briouze. Il s’agit du lieutenant Burleigh Edward Curtis, pilote de l’US Air Force (lire par ailleurs).

Diverses hypothèses sont envisagées sur les restes de l’aviateur et de son aéronef. En 2012, des Américains sont venus prospecter dans le champ pour le sonder et relancer le dossier. À cette époque, des habitants sont interrogés.

« Un rapport d’enquête de 4-5 pages a été établi avec les derniers détails de l’accident », explique le commandant Chris Gamble, directeur des opérations au Defense POW/MIA Accounting Agency (DPAA), une agence du départemen­t de la défense des États-Unis.

Cette dernière est chargée de retrouver les corps des militaires américains prisonnier­s de guerre ou disparus au combat depuis la Seconde guerre mondiale.

Mais c’est seulement en 2017 que les choses s’accélèrent. Une équipe américaine vient avec un chien venu d’Hawaï, dressé pour repérer les ossements humains, et un drone survole le site.

Le Pentagone décide de missionner History flight. Les autorités américaine­s se rapprochen­t également de la Drac, direction régionale des affaires culturelle­s de Normandie, pour coordonner les opérations à venir.

Une unité spéciale d’History Flight, basée à Hawaï, arrive à Briouze le 21 août.

Les fouilles s’engagent pendant trois semaines en plein milieu de ce champ argileux avec « obligation de retour de travaux à la Drac », poursuit le commandant Chris Gamble.

« Une aventure collective »

Outre des débris de l’avion, des munitions sont retrouvées par la quinzaine de personnes qui se sont relayées chaque jour. Les restes seront analysés aux États-Unis et comparés à l’ADN de la famille du lieutenant Curtis, pour prouver son identité.

Mardi 12 septembre, sur le site, élus du territoire et les acteurs des opérations étaient rassemblés pour le dernier jour des fouilles.

« Nous sommes touchés par l’effort de chacun. Élus, la famille Foucault, l’Ansa et History Flight, tous passionnés par cette recherche » , témoigne le commandant Chris Gamble.

Pour Jean-Pierre Salles, maire de Briouze : « C’est une satisfacti­on de retrouver quelques restes du lieutenant. Cela me rappelle des souvenirs. L’avion s’était crashé à quelques centaines de mètres de notre maison. »

L’archéologu­e Agamemnon Gus Pantel, dont ce n’est pas le premier site fouillé en Normandie, voit ici « un site particulie­r. À chaque nouveau livre, une histoire », sourit l’homme au béret noir et à la barbe blanche sur la photo de groupe.

Stéphane David, membre de l’Ansa, qui a suivi chaque jour les fouilles, ne cache pas lui non plus son émotion.

« C’est l’accompliss­ement d’une aventure humaine et collective. Quand nous allons reboucher les trous demain ( N. D. L. R. mercredi 13 septembre), il y aura beaucoup d’émotion. Il y a un être humain derrière avec une histoire. »

 ??  ?? Mardi 8 septembre avait lieu la clôture des fouilles.
Mardi 8 septembre avait lieu la clôture des fouilles.

Newspapers in French

Newspapers from France