Le Journal de l'Orne

Charlotte Corday, une « femme française qui compte »

L’écrivain argentanai­s, Gérard Roger, sort un nouveau livre Il y refait le procès de la jeune ornaise condamnée à mort en 1793 pour le meurtre de Marat. Histoire et fiction se mélangent pour retracer cet événement.

- Thomas RIDEAU

Argentan. Avec une trentaine de livres au compteur, Gérard Roger c’est le conteur du Pays d’Auge et d’Argentan.

Historien, écrivain, journalist­e… Tout se mélange un peu dans sa grande besace des savoir-faire littéraire­s. Pour cette nouvelle fiction, Le Second procès de Charlotte Corday, l’homme, originaire de la région de Vimoutiers s’est habillé de ces plus beaux atours de raconteurs pour plonger dans l’histoire de cette jeune Ornaise coupable du meurtre de Marat.

Rendre hommage à un assassin

Il est difficile de décrire la passion qu’éprouve l’écrivain pour l’objet de son livre. À savoir, Charlotte Corday. « C’est quelqu’un de passionnan­t. Je pense que c’est l’une des personnes sur laquelle on a le plus écrit et fait le plus de portraits alors que c’est un assassin » , souligne Gérard Roger. « On rend hommage à un assassin. »

« Charlotte » , comme il l’appelle, est condamnée à mort en 1793. Sa mort symbolise le départ de ce qu’on appelle aujourd’hui la Terreur. Pour son livre, l’auteur a imaginé que la jeune femme avait droit à un second procès en appel. Ainsi, tous les témoins, les présumés coupables, les juges, les présidents sont de retour à la barre pour débattre du sort de Charlotte Corday. Ainsi, l’assassin de Marat reprend vie au XXIe siècle et craint, au pire, la réclusion à perpétuité. Ainsi, témoins à charge ou à décharge vont reprendre la parole.

Marquée par Corneille

Quand il parle d’elle, Gérard Roger donne l’impression qu’il vient tout juste de sortir de table avec elle. « C’est une idéaliste. Elle vit dans un monde virtuel. Elle n’a pas d’emprise sur le monde réel. Elle est totalement hors du temps. »

« Son acte est captivant. Une femme de 24 ans qui poignarde un homme » , c’est un geste historique, d’après l’au- teur. « Elle était très marquée par l’oeuvre de Corneille. Elle voulait être Brutus qui assassine César. Elle fut d’ailleurs déçue lorsqu’elle a appris que Marat était malade et qu’elle n’avait qu’accéléré une mort déjà imminente. »

« L’identité de notre pays »

L’écrivain établit même un parallèle avec l’actualité récente : « je la compare aux terroriste­s actuels. Comme eux, après son geste, elle n’éprouve aucun remords » . D’ailleurs - il n’y a pas de hasard, c’est le général Jean-Louis Equivie, un ancien de la cellule antiterror­iste de l’Élysée, qui signe la préface de l’ouvrage.

Pour ce second procès de Charlotte Corday, l’auteur l’assure, il ne prend pas position. « Je présente juste les faits. Ce n’est pas à moi de la juger. »

Il serait d’ailleurs délicat d’apposer un avis sur un tel jugement. Car, une chose persiste : c’est la présence de la jeune ornaise dans l’imaginaire collectif. « C’est une femme française qui compte. Elle a construit l’identité de notre pays. Son geste est politique et il a aussi bien été récupéré par la gauche et la droite au cours du dernier siècle »

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