Sacré coup de coeur à Montmartre
MARIANNE GUEDIN CULTIVE SON JARDIN DÉCO AU PIED DE LA BUTTE. LA CRÉATRICE NOUS OUVRE LES PORTES DE SON PRÉ CARRÉ FAMILIAL OÙ BOURGEONNE POÉSIE ET HUMOUR. UN VRAI RAYON DE SOLEIL.
Sa vitalité vous entraîne. Avec un large sourire, cette jeune femme pétillante et fantasque confie sans ambages : « J’ai grandi en Bourgogne au milieu des champs de colza, proche de ma mère, jardinière hors pair, et de mon père, médecin. Un brin original. Ma personnalité est marquée par cette enfance passée au grand air, libre ! » Ses créations en verre soufflé sont vendues à travers le monde. Marianne Guédin croque et dessine des vases pour des collections de luxe. À 18 ans, elle débarque à Paris et s’inscrit à l’École nationale des Arts décoratifs. C’est la révélation, tout la fascine. Une rencontre la propulse chez un fleuriste de renommée internationale. Marianne devient son assistante. Elle le considère comme son mentor et voyage avec lui aux quatre coins du globe. Plus tard, la maison de création d’Agatha Ruiz de la Prada et l’agence NellyRodi lui ouvriront leurs portes. Il y a tout juste dix ans, elle lance sa propre marque de vases en verre soufflé, piqués de poésie. Le salon Maison & Objet la consacre « Créatrice de l’année » en 2006. Puis elle décide de recentrer ses collections sur les bougies coulées dans des écrins de verre, son matériau de prédilection. Marianne imagine le design, les couleurs mais aussi les parfums qui composent la paraffine élaborée à Grasse. Pour sentir à nouveau l’herbe coupée, les pétales de fleurs caressés par la rosée… elle s’inspire et respire ses souvenirs d’enfance. Alors, à force de humer l’air du temps, la petite flamme brûle toujours. Et ça marche. Marianne se passionne aussi pour la mise en scène de décors végétaux grandioses destinés à fleurir des maisons de luxe comme Dior ou une poignée de particuliers. C’est au pied de la butte Montmartre qu’elle a choisi de se ressourcer. Une sorte de port d’attache où elle a ses repères. Dans son appartement, elle accumule les objets, donne la parole au design, beau parleur, et poète à ses heures. Il y a chez elle une sorte d’effervescence qui lui colle à la peau.
Ici, il flotte un air de bien-être comme à la campagne
Elle emménage et pose ses cartons sur cette mythique colline parisienne. Un premier étage, peu lumineux. Qu’importe ! C’est le coup de coeur, parquet, moulures, cheminées… Les fenêtres avec leur montant en bois et le dessin des portes vitrées du temps jadis la comblent. Tous les codes du petit appartement parisien au charme incontesté servent de théâtre à son imaginaire. Elle colorise l’ensemble, meuble son refuge d’objets qui la rassurent et signe un univers si singulier, le sien. La cuisine sera rouge, le plafond du salon bleu, sa chambre bleu noir… Un univers végétal fleurit les lieux. Ici, pour les nombreux amis de passage, c’est toujours une surprise : les meubles bougent sans cesse, les couleurs et les papiers peints changent, le décor égayé de branchages et de brassées de fleurs suit les saisons. Sans compter ses rencontres avec d’autres créateurs, amis designers et artistes. Avec eux, elle troque régulièrement ses vases contre des oeuvres, le temps d’une expo perso chez elle. Et chine encore et toujours. Avant d’avouer, l’air amusé, mettre parfois des sous de côté pour s’offrir un objet qu’elle aime. Histoire de nourrir ses rêves d’enfant.