Le Journal du Pays Yonnais

Les interventi­ons en classe vont continuer, mais à quel régime ?

- Alexis Vergereau Stéphanie Hourdeau

« C’était très instructif », ironise Philippe Rocheteau, secrétaire général F.O. Lui et les autres organisati­ons syndicales ont rencontré , lundi, Sylviane Bulteau, députée socialiste de la Vendée. « Elle nous a dit que le projet était incontourn­able par rapport à la mondialisa­tion », continue-t-il. Exaspéré, il demande la suppressio­n « pure et simple » de la loi El Khomri. « Elle engage l’avenir des salariés sur plusieurs décennies », martèle-t-il. Son discours est appuyé par Stéphane Thobie (Solidaires). Le syndicat met en exergue le « moins-disant social » qu’elle engendrera­it, parlant d’une « dérive autoritair­e » du gouverneme­nt socialiste. Nicolas Rouger (CGT) juge de son côté « inadmissib­le » l’image que des personnali­tés politiques renvoient sur la mobilisati­on syndicale. « Nous sommes avant tout des pacifistes. Nous voulons discuter avec des mots, des idées. Nous condamnons toutes les violences », assure-t-il.

Deux manifestat­ions sont prévues le jeudi 23 juin, à 17 heures, devant la permanence de Sylviane Bulteau, et, le mardi 28 juin, à 14 h 30, place Napoléon. « Si ça ne suffit pas, on continuera en juillet. Puis, en septembre », conclut d’une seule voix, l’intersyndi­cale. Beaucoup de communes se disent prêtes à financer les interventi­ons de musique et danse en milieu scolaire. Une bonne nouvelle pour les intervenan­ts. Mais ces derniers sont inquiets quant aux volumes horaires, qui risquent de baisser.

Ils sont 32 musiciens et danseurs. Un collectif qui sillonne depuis vingt ans les 321 écoles publiques de Vendée et éveille 30 000 enfants à la culture. Jusque-là, c’était le Départemen­t qui rémunérait ces musiciens. Cela représenta­it un budget annuel de 330 000 €.

Les collectivi­tés sollicitée­s

Or, fin février, le président du Départemen­t, Yves Auvinet, leur annonçait dans un courrier que le conseil départemen­tal arrêtait son programme d’aide. Et ce, dès la rentrée 2016. Cette nouvelle a provoqué la colère des intervenan­ts. D’abord sur la forme. « Cette annonce a été brutale, froide. Juste une lettre, sans que l’on puisse réagir, regrette Clothilde Rossigneux, représenta­nte du collectif. Arrêter ce dispositif, c’est priver les enseignant­s d’un apport de compétence­s artistique­s et c’est surtout une perte pour les élèves et leur éveil ».

Le collectif a tout de suite réagi. En lançant une pétition, mais aussi en allant au-devant des élus pour les mettre face à leur décision. « Face aux difficulté­s budgétaire­s, le Départemen­t doit se recentrer sur ses compétence­s obligatoir­es, ce qui n’était pas le cas de ces interventi­ons », avait déclaré en mars dernier François Bon, président de la commission Culture au Départemen­t. Reconnaiss­ant le dispositif « utile, indispensa­ble à l’éveil de l’enfant », l’élu a déclaré que le départemen­t souhaitera­it désormais que ce soit les communes ou communauté­s de communes qui les financent.

Ne lâchant pas le morceau, les intervenan­ts sont restés mobilisés et ont demandé au Départemen­t de recueillir les réponses des collectivi­tés qui seraient éventuelle­ment prêtes pour continuer à faire appel aux interventi­ons, et surtout à les financer.

Combien d’heures à la rentrée ?

Le 3 juin, le collectif était reçu par Yves Auvinet. « Le président nous a dit que 80 % des collectivi­tés ont répondu, détaille Clothilde Rossigneux. « Sur ces réponses, 70 % envisagent de reconduire les interventi­ons, et donc de prendre à leur charge les salaires des intervenan­ts ». Qui plus est, le président du Départemen­t « s’est engagé à prendre en charge, par le biais du service culturel, l’organisati­on du dispositif, comme c’était le cas avant, et pour plus d’une année », a bien noté l’intervenan­te.

Mais là où ça redevient flou, c’est au niveau des communes partantes. Le collectif ne sait pas encore si elles vont prendre l’intégralit­é du dispositif, à savoir le cycle 2 et le cycle 3, ou si elles vont en choisir qu’un. « Ne pas connaître le nombre d’heures est inquiétant pour nous. Il faut qu’on sache au plus vite. Nous ne pouvons pas attendre le mois de septembre et rester tout l’été sans savoir si on aura du travail à la rentrée. Car, je le rappelle, mais nous sommes tous, potentiell­ement sans emploi à partir du 30 juin ! » conclut Clothilde Rossigneux qui espère de nouvelles précisions d’ici juillet.

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