Une famille expulsée
Jeudi 11 août au matin, un couple de Géorgiens et leurs trois enfants, réfugiés politiques étaient expulsés de leur domicile. Les militants, incrédules, étaient venus les soutenir.
La Cimade, Welcome Vendée, la ligue des Droits de l’Homme, la patronale des migrants… Toutes ces associations qui soutiennent les migrants sont représentées ce matin-là, devant le logement d’une famille de cinq Géorgiens. Le motif ? Manifester leur désaccord face à l’expulsion imminente de ces personnes. A 8 h 30, trois policiers font barrage devant la porte du bâtiment. A 9 heures, le serrurier, qui a changé les verrous de l’appartement pour assurer le non-retour des étrangers, sort. A 9 h 30, la famille est dehors, munie de quelques sacs, avec, pour maigre consolation, une promesse de deux nuits à l’hôtel. « Je m’attendais à un peu plus de générosité de la part de la Préfecture à ce niveau », commentera Bernard Bulteau de La Cimade.
Ecumer les refus
Sur le trottoir d’en face, Annie Durand est en larme. Depuis deux ans et demi, cette militante à La Cimade suit la famille : « J’ai des relations très amicales avec eux désormais. On a essayé de faire en sorte qu’ils aient quelqu’un qui les écoute, on leur a fourni de l’argent parfois car ils n’ont que 75 € par mois. J’avais aussi trouvé un travail pour la maman, Cristina, mais la Préfecture n’a pas voulu lui fournir une autorisation de travail. Cela été une énorme déception pour elle. Résultat, ils vont au Resto du coeur, à la Banque alimentaire. Ils avaient obtenu ce logement par l’association Passerelles. Normalement, ce sont des habitats transitoires qu’ils gardent le temps de faire une demande d’HLM. Mais comme cette demande nécessite d’avoir des ressources, c’était impossible. » Pourquoi ces refus à répétition ? La Préfecture parle d’un niveau de français trop faible. Une justification insuffisante pour les militants qui s’étonnent alors de ne voir aucun traducteur dépêché pour l’expulsion.
Bernard Bulteau ne s’avoue pas vaincu et compte bien décortiquer les procédures d’expulsion pour trouver la faille. En attendant, il rassemble les troupes afin d’organiser la suite : appeler le 115 et les Maisons d’Accueil de Jour. Pour Brigitte Marioneau, également bénévole à La Cimade, « le risque est le suicide. On les pousse vraiment à bout et ils n’en peuvent plus d’être inactifs et de ruminer toute la journée. »
Les associations restaient sur le qui-vive et se préparaient à militer contre une autre expulsion prévue mercredi 17 août, là encore une famille avec trois enfants originaire de TiziOuzou.