Le Journal du Pays Yonnais

Les Socialiste­s craignent pour leur « ville solidaire »

- Nicolas Pipelier

Au lendemain du conseil municipal de rentrée, le groupe socialiste décoche ses flèches en direction de la mairie. Ils craignent de plus en plus « une droitisati­on » de la politique municipale.

« Quelle ville voulons-nous et à quel prix ? » La question émane de Martine Chantecail­le, conseillèr­e municipale. Comme ses collègues du groupe socialiste, elle s’inquiète du virage pris par la municipali­té : « Cette ville qu’on a pensée comme une ville solidaire depuis 77 (arrivée des Socialiste­s à la mairie avec Jacques Auxiette) est en train de devenir une autre ville. »

Pour illustrer leurs craintes, les élus mettent en exergue deux décisions votées lors du dernier conseil municipal. Notamment celle qui porte sur le projet d’Aire de mise en valeur du patrimoine (Avap). Un document qui vise à protéger le patrimoine dans l’hyper-centre et réglemente­r les futures constructi­ons.

Centre pour les riches

Loin d’être anecdotiqu­e, pour Joël Soulard, leader de l’opposition, la mesure marquerait un tournant : « Avec l’Avap, c’est toute la politique de l’habitat en centre-ville qui est remise en cause par la majorité. » L’ancien adjoint à l’urbanisme de 2004 à 2014, s’explique : « L’Avap limite de façon drastique les possibilit­és de construire. Or si on limite les privés, on limite également les bailleurs sociaux. » Avec à terme, « un centre réservé à une classe de population à revenus élevés ».

Et qu’importe le caractère simplifica­teur de l’Avap. « Ça simplifie les règles uniquement pour les commerçant­s. Le maire l’a dit. Pas pour les habitants. On retrouve d’ailleurs cette logique dans le projet des Halles, lâche l’élu. Tout est fait pour l’économie et le business. Le maire n’a jamais quitté son costume de chef d’entreprise. »

« Avec l’argent des Halles »

De leur côté, les Socialiste­s militent pour un programme de densificat­ion et développem­ent de la mixité sociale dans le Pentagone. Avec campagne de créations de nouveaux logements, comme à Piobetta, et réhabilita­tion des loyers insalubres. Des projets qui auraient pu être menés « avec l’argent des Halles », précisent-ils. De quoi densifier le Pentagone, qui compte seulement 7 000 habitants au lieu des 15 000 qu’il pourrait abriter. « Oublier de densifier, évacuer la question de l’emprise sur les terres agricoles, ne pas prendre en compte les transports et la mixité sociale seraient une erreur », prévient Martine Chantecail­le.

« Ne connaissen­t pas les écoles publiques »

Sur les questions scolaires, autre sujet clivant, le ton est également alarmiste. Les couacs de la rentrée, avec la suppressio­n d’un poste d’Atsem à l’école Jean-Moulin ou l’abandon de la création d’une classe pour les enfants allophones (qui ne parlent pas la langue du pays), ne passent toujours pas. « Il n’y a plus de travail en amont, plus de lien avec les services de l’Education nationale, se désole Sylvie Chartier, l’ancienne adjointe aux affaires scolaires. Sans compter que les élus qui sont présents dans les conseils d’école ne connaissen­t pas le fonctionne­ment des écoles publiques. »

Ainsi l’aide aux devoirs, mis en place par la municipali­té, est perçue comme « une ingérence de la mairie dans les affaires scolaires. C’est à Acadomia ou aux privés de faire ça. Ça n’est pas le rôle d’une ville d’offrir ce type de service. Nous avions mis en place l’aide à la parentalit­é, l’accompagne­ment à la scolarité, le travail dans les maisons de quartier. Elles ont été associées à ce dispositif et on les a dépossédée­s. »

« On est extrêmemen­t vigilants »

La liste des griefs ne s’arrête pas là. Entre la promotion de l’Institut catholique d’études supérieure­s (Ices) dans le Roche mag, l’augmentati­on « de 25 % » des tarifs de sport vacances et art vacances, la diminution « de 5 % » des subvention­s aux associatio­ns, « l’opacité » sur les coûts des grands chantiers… Rien n’échappe à la gauche yonnaise. « On est extrêmemen­t vigilants et, sur certains dossiers, inquiets », souligne l’opposition. Voilà la majorité avertie.

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Le groupe socialiste du conseil municipal redoute un détricotem­ent de la politique sociale menée sur la ville depuis 40 ans.

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