Tordre le cou aux préjugés
Pierre-Clément Guinot, Joffrey Deschodt, Antonio Parant, étudiants aux Etablières en seconde année de gestion et maîtrise de l’eau, ont invité Gérard Herbreteau, président de la Société mycologique de La Roche. Leur objectif : sensibiliser les plus jeunes sur les risques liés à la consommation de champignons. Avec un impératif : tordre le cou à quelques préjugés trompeurs qui, chaque année, causent de nombreuses intoxications.
Le Journal du Pays Yonnais : Quels sont les préjugés à bousculer lorsque l’on ramasse les champignons ?
Gérard Herbreteau : Certains pensent qu’il ne faut pas, à la cueillette, extraire le champignon intégralement du sol, mais couper le pied. C’est faux et cela peut être dangereux si on coupe au-dessus de la volve. Il devient alors difficile de l’identifier. Une exception cependant : le petit rosé, qu’on coupe pour éviter la terre dans le panier.
Et quand on parle de leur comestibilité ?
On dit que les champignons qui bleuissent à la coupe sont mauvais : c’est faux. Regardez les cèpes ! Le bleuissement n’est pas un indicateur de toxicité. C’est comme l’idée que les limaces ne s’attaquent qu’aux champignons comestibles ! Leur appareil digestif est insensible aux toxines qui se révèlent mortelles chez l’homme. Et tous les champignons blancs ne sont pas comestibles. Pensez à l’amanite vireuse, l’un des champignons les plus dangereux…
Et sur le plan culinaire ?
Certains croient que les champignons cuits peuvent être consommés sans risque. L’amanite phalloïde est mortelle même cuite. Le champignon doit être consommé en petite quantité, car il n’est pas très digeste. De plus, même un bon champignon contient des toxines indécelables. Enfin, il ne faut pas cuisiner les champignons ramassés n’importe où. Un champignon parfaitement comestible peut devenir nocif par les produits qu’il capte dans l’air et le sol : les métaux lourds aux abords des routes, à proximité des zones industrielles, les pesticides, les engrais qui proviennent de l’agriculture et les radioéléments. Pensez à Tchernobyl…