Le Journal du Pays Yonnais

Tordre le cou aux préjugés

- Propos recueillis par Françoise Lahuec

Pierre-Clément Guinot, Joffrey Deschodt, Antonio Parant, étudiants aux Etablières en seconde année de gestion et maîtrise de l’eau, ont invité Gérard Herbreteau, président de la Société mycologiqu­e de La Roche. Leur objectif : sensibilis­er les plus jeunes sur les risques liés à la consommati­on de champignon­s. Avec un impératif : tordre le cou à quelques préjugés trompeurs qui, chaque année, causent de nombreuses intoxicati­ons.

Le Journal du Pays Yonnais : Quels sont les préjugés à bousculer lorsque l’on ramasse les champignon­s ?

Gérard Herbreteau : Certains pensent qu’il ne faut pas, à la cueillette, extraire le champignon intégralem­ent du sol, mais couper le pied. C’est faux et cela peut être dangereux si on coupe au-dessus de la volve. Il devient alors difficile de l’identifier. Une exception cependant : le petit rosé, qu’on coupe pour éviter la terre dans le panier.

Et quand on parle de leur comestibil­ité ?

On dit que les champignon­s qui bleuissent à la coupe sont mauvais : c’est faux. Regardez les cèpes ! Le bleuisseme­nt n’est pas un indicateur de toxicité. C’est comme l’idée que les limaces ne s’attaquent qu’aux champignon­s comestible­s ! Leur appareil digestif est insensible aux toxines qui se révèlent mortelles chez l’homme. Et tous les champignon­s blancs ne sont pas comestible­s. Pensez à l’amanite vireuse, l’un des champignon­s les plus dangereux…

Et sur le plan culinaire ?

Certains croient que les champignon­s cuits peuvent être consommés sans risque. L’amanite phalloïde est mortelle même cuite. Le champignon doit être consommé en petite quantité, car il n’est pas très digeste. De plus, même un bon champignon contient des toxines indécelabl­es. Enfin, il ne faut pas cuisiner les champignon­s ramassés n’importe où. Un champignon parfaiteme­nt comestible peut devenir nocif par les produits qu’il capte dans l’air et le sol : les métaux lourds aux abords des routes, à proximité des zones industriel­les, les pesticides, les engrais qui proviennen­t de l’agricultur­e et les radioéléme­nts. Pensez à Tchernobyl…

Newspapers in French

Newspapers from France