« Ils n’ont pas été tabassés, non plus…»
Un Bellevillois de 33 ans a été condamné à huit mois d’emprisonnement avec sursis pour avoir frappé six mineurs, en juin dernier.
Belleville-sur-Vie. « C’est pas moi ». Droit à la barre, Xavier (1) campe sur ses positions. « Je n’ai rien à me reprocher ». Dans la salle d’audience, les parents de six mineurs ne peuvent masquer leur indignation.
Le 3 juin dernier, après 23 heures, des ados se rassemblent autour d’un banc, sur un parking bellevillois. « Tous disent qu’un homme est arrivé et leur a demandé où étaient Brice (1) et Simon (1) », expose Nina Smideren, la présidente du tribunal. Deux prénoms qui ne font pas partie de la bande. « L’homme a alors donné une dizaine de gifles à Alan (1), trois-quatre à Romain (1). Puis, ce fut au tour de Baptiste (1), Jimmy (1), Nathan (1). Noa (1) en a pris une après tous les autres ». Les motos des jeunes sont tombées, une à une.
Leur agresseur, les jeunes ne le connaissent pas. Mais dressent un portrait aux gendarmes. « L’homme cherchait deux jeunes hommes qui avaient brisé les vitres d’un monospace. Il a aussi dit qu’il était prof d’un art martial ». Des faisceaux d’indices qui remontent jusqu’à Xavier. « Je n’ai jamais eu de monospace », tonne le prévenu de 33 ans. Mais sa belle-soeur, oui. « Et celui-ci a bien été fracturé », claque la présidente.
« Un malin et un menteur »
Quand les gendarmes débarquent au domicile de Xavier, c’est sa compagne qui ouvre. « Elle a dit que vous dormiez ». Quand il se présente à la brigade, il est reconnu par trois des mineurs agressés et un témoin. Mais Emilie Rayneau, viceprocureure, note son « changement d’apparence ». Moins de cheveux, plus de barbe. « Je me suis rasé, comme tous les samedis », peste le trentenaire.
« On a affaire à un malin », souffle Frédéric Mallard, l’avocat de Noa et Alan. « Monsieur est un menteur qui essaie de se dépatouiller de cette affaire. Il a frappé ces jeunes sans raison. Je suis effrayé de ce genre de comportement ». Xavier ose un sourire : « Les jeunes, ils ont reçu des gifles. Ils n’ont pas été tabassés, non plus… Ils squattent toujours le même banc, pourquoi ils se cachent là ? Les gendarmes m’ont dit qu’ils les connaissaient bien. Ma fille, elle, ne traîne pas la rue ». Le tribunal recentre le débat, lui rappelant ses cinq condamnations, dont deux pour violences. « J’ai toujours assumé mes actes, je n’assumerai pas celui-là ».
« Si j’écoute monsieur, on a face à nous six délinquants aux parents irresponsables », lâche Emilie Rayneau, vice-procureur. « De là à dire que ce qui est arrivé est normal, il n’y a qu’un pas. Le comportement de monsieur m’interroge. On peut mentir, garder le silence, mais l’arrogance dont il a fait preuve devant les gendarmes et à cette audience… » Elle requiert six mois d’emprisonnement assortis d’un sursis mise à l’épreuve, avec l’obligation d’indemniser les victimes, interdiction d’entrer en contact avec elles et des amendes à hauteur de 400 €.
« Je ne suis pas un voyou »
« Je ne suis pas un voyou », clame Xavier. « Quand j’étais jeune, j’ai fait des bêtises. J’ai pris des gifles, ça n’a jamais tué personne. On évoque la voiture de ma belle-soeur et on dit que c’est moi… » Coupable, décidera le tribunal qui condamne le prévenu à huit mois de sursis mise à l’épreuve. Xavier devra verser 2 000 € aux frères, Alan et Noa, et 600 € à leurs copains. Des victimes avec lesquelles il ne pourra entrer en contact. Le Bellevillois devra également payer quatre amendes de 100 €.