Ça mange quoi, un ancien combattant ?
Le banquet du 11 novembre est le rendez-vous traditionnel des anciens combattants. Mais que mangent-ils exactement ? Céline Praud et sa famille sont restaurateurs à Aizenay. Le 11, ils ne servent pas moins de 370 convives sur trois banquets différents. La restauratrice détaille pour nous un menu de commémoration.
Céline Praud, le restaurant la Forêt a ouvert en avril 1971 à Aizenay. Vous l’avez repris en octobre 2003. Les banquets d’anciens combattants se sont-ils tout de suite imposés à vous ?
Céline Praud : Pas aussitôt. Mais ça fait dix ans que nous préparons celui d’Aizenay. En moyenne 150 personnes sur place. Cette année, c’est exceptionnel. Les anciens combattants de Coëx sont venus nous voir. Environ 70 personnes qui ont recours à notre service traiteur. Et puis Palluau est venu aussi nous chercher, 152 personnes supplémentaires que nous servirons dans la salle de Grand’Landes.
Y a-t-il un menu standard pour les anciens combattants ?
C’est l’ancienne génération. Ils veulent toujours du nouveau quand ils viennent choisir le menu, mais on revient très vite au basique. Nous voyons un premier menu avec les Messieurs. Puis, trois jours après, les Dames ont donné leur avis et la sauce a changé (elle sourit) ! Après l’entrée, on tourne autour du merlu au beurre blanc, du filet de boeuf, de la pintade, du trou normand. En dessert, du tiramisu framboise-meringue, de l’omelette norvégienne, de la charlotte poire-chocolat… Les Messieurs demandent beaucoup leur avis à leurs femmes, sauf pour le vin ! Et elles apportent une touche féminine dans la décoration : la couleur des serviettes, les compositions florales sur la table…
Sont-ils pointilleux au niveau du budget ?
Ceux qui viennent discuter du menu ont une idée des tarifs. On leur fait des petits aménagements. Il faut qu’ils en aient pour leur argent, mais ils ne tiquent pas forcément sur les prix. Et puis, souvent, c’est une population que l’on voit revenir plusieurs fois dans l’année. Certains sont clients depuis très longtemps. On a fêté avec certaines familles leurs cinquante ans de mariage… En 45 ans, le restaurant la Forêt est devenu un peu une institution dans le secteur. Ça nous fait quelque chose quand on apprend que certains nous ont quittés…
Quels souvenirs insolites gardez-vous de ces banquets ?
Je ne dirais pas insolite. Il y a des choses qui reviennent. Le moment des petites blagues. Celui de la musique. Avec les anciens combattants d’Aizenay, par exemple, il y a toujours un musicien. En général, le maire raconte une blague, les dames des chorales chantent… Mais nous, on travaille. On n’écoute pas tout (elle rit) ! Dans notre service traiteur, on doit s’adapter. Une cuisine comme celle de Grand’Landes est moins équipée, donc le menu est aussi fait en fonction. Et puis, parfois, il y a des petits malaises. Pour le Samu, on sait faire le 15 !
Quel est l’intérêt du repas après la cérémonie militaire ?
C’est festif. Ça permet de rompre un peu l’isolement de certains. Pour le 11 novembre, on arrive à l’automne. C’est différent du 8 mai. On sort moins. Ici, ils peuvent jouer aux cartes, danser. Faire attention à leur tenue. Les gens répondent bien à l’invitation. Le matin ils commémorent, mais au repas on n’entend pas de récits de combattants. Ils veulent se rassembler pour passer un bon moment.