Le Journal du Pays Yonnais

Echanges à couteaux tirés autour du budget

- Nicolas Pipelier

Avant le vote du budget, prévu le 13 décembre, majorité et opposition ont débattu des orientatio­ns budgétaire­s. De quoi révéler le clivage entre une majorité qui souhaite investir et une opposition qui craint pour la dette.

Le débat d’orientatio­n budgétaire a mis en relief les clivages qui scindent le conseil municipal. Avec, d’un côté, une majorité au programme d’investisse­ments ambitieux. Et, de l’autre, une opposition inquiète de voir l’endettemen­t grimper.

S’appuyant sur les chiffres, l’ancien maire, Pierre Regnault, a révélé qu’« en seulement 3 ans, la capacité de désendette­ment de la Ville a presque doublé en passant de 4,5 ans à 8,46 ans dès 2017 ». Et l’exmaire d’ajouter, « selon votre objectif cible, vous approchez du seuil critique ».

Fonte de l’épargne

Ce que craint l’opposition, c’est de voir l’épargne fondre à 2 millions d’euros en 2017. « Sans épargne nette suffisante, il n’y a que les subvention­s d’investisse­ments venant d’autres collectivi­tés et l’emprunt qui permettent d’investir », a alerté Pierre Régnault. Autrement dit, sans aides extérieure­s, impossible de lancer des chantiers.

« Or dans votre Plan pluriannue­l d’investisse­ment (jusqu’en 2020), le solde à financer par emprunt et par l’épargne est de 131 millions d’euros. C’est considérab­le et cela posera problème, sauf à reporter les investisse­ments annoncés ou augmenter les impôts », a fini par lâcher le leader de la gauche yonnaise.

Des inquiétude­s

Pas d’investisse­ments et augmenter les impôts. Un diptyque inconcevab­le pour le maire, Luc Bouard. Dans le logiciel politique de la majorité, « la redynamisa­tion de La Roche » passe nécessaire­ment par l’investisse­ment. Les dépenses fléchées pour 2017 (lire Journal du Pays Yonnais du 24 novembre) l’attestent.

Ce qui ne va pas sans susciter la crainte de l’autre leader socialiste, Joël Soulard : « Nous nous sommes déjà inquiétés l’année dernière du montant très important de l’investisse­ment (150 millions d’euros), vous allez encore plus loin cette année (163 millions d’euros sur la mandature). » Et l’élu d’égrener les dossiers chauds comme les Halles « affiché l’année dernière à 8 millions d’euros, se voit affecter cette année un budget de plus de 16 millions d’euros » ; Piobetta pour lequel « vous affichez un peu plus de 2 millions d’euros pour le parking » ; les 500 000 € pour la Bourse du Travail dont le chantier est « décalé »…

300 demandeurs d’emplois en moins sur l’Agglo

Des choix que le maire assume. « Il est sain, voire rassurant de vous voir inquiets. Cela prouve que nous ne sommes pas sur la même ligne politique », a taquiné le maire. Sûr de sa politique, le premier magistrat est même allé jusqu’à faire causer les chiffres. « Nous avons 300 demandeurs d’emplois en moins sur l’Agglo. La preuve que notre politique de développem­ent économique marche. Notre ambition pour cette ville est de donner des emplois à un maximum de personnes. »

Et le maire d’asséner, en guise de coup de grâce : « Oui, Joël Soulard, cette politique n’est pas de courte vue, il s’agit d’une vue de confiance. On ne donne pas de l’emploi en créant des emplois publics. »

Une salve sans réplique, puisque le maire a préféré clore les débats, non sans avoir taxé ses opposants de menteurs. D’où la réplique consternée de l’élu Vert, Guy Batiot : « On se croirait dans une cour d’école. »

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