Echanges à couteaux tirés autour du budget
Avant le vote du budget, prévu le 13 décembre, majorité et opposition ont débattu des orientations budgétaires. De quoi révéler le clivage entre une majorité qui souhaite investir et une opposition qui craint pour la dette.
Le débat d’orientation budgétaire a mis en relief les clivages qui scindent le conseil municipal. Avec, d’un côté, une majorité au programme d’investissements ambitieux. Et, de l’autre, une opposition inquiète de voir l’endettement grimper.
S’appuyant sur les chiffres, l’ancien maire, Pierre Regnault, a révélé qu’« en seulement 3 ans, la capacité de désendettement de la Ville a presque doublé en passant de 4,5 ans à 8,46 ans dès 2017 ». Et l’exmaire d’ajouter, « selon votre objectif cible, vous approchez du seuil critique ».
Fonte de l’épargne
Ce que craint l’opposition, c’est de voir l’épargne fondre à 2 millions d’euros en 2017. « Sans épargne nette suffisante, il n’y a que les subventions d’investissements venant d’autres collectivités et l’emprunt qui permettent d’investir », a alerté Pierre Régnault. Autrement dit, sans aides extérieures, impossible de lancer des chantiers.
« Or dans votre Plan pluriannuel d’investissement (jusqu’en 2020), le solde à financer par emprunt et par l’épargne est de 131 millions d’euros. C’est considérable et cela posera problème, sauf à reporter les investissements annoncés ou augmenter les impôts », a fini par lâcher le leader de la gauche yonnaise.
Des inquiétudes
Pas d’investissements et augmenter les impôts. Un diptyque inconcevable pour le maire, Luc Bouard. Dans le logiciel politique de la majorité, « la redynamisation de La Roche » passe nécessairement par l’investissement. Les dépenses fléchées pour 2017 (lire Journal du Pays Yonnais du 24 novembre) l’attestent.
Ce qui ne va pas sans susciter la crainte de l’autre leader socialiste, Joël Soulard : « Nous nous sommes déjà inquiétés l’année dernière du montant très important de l’investissement (150 millions d’euros), vous allez encore plus loin cette année (163 millions d’euros sur la mandature). » Et l’élu d’égrener les dossiers chauds comme les Halles « affiché l’année dernière à 8 millions d’euros, se voit affecter cette année un budget de plus de 16 millions d’euros » ; Piobetta pour lequel « vous affichez un peu plus de 2 millions d’euros pour le parking » ; les 500 000 € pour la Bourse du Travail dont le chantier est « décalé »…
300 demandeurs d’emplois en moins sur l’Agglo
Des choix que le maire assume. « Il est sain, voire rassurant de vous voir inquiets. Cela prouve que nous ne sommes pas sur la même ligne politique », a taquiné le maire. Sûr de sa politique, le premier magistrat est même allé jusqu’à faire causer les chiffres. « Nous avons 300 demandeurs d’emplois en moins sur l’Agglo. La preuve que notre politique de développement économique marche. Notre ambition pour cette ville est de donner des emplois à un maximum de personnes. »
Et le maire d’asséner, en guise de coup de grâce : « Oui, Joël Soulard, cette politique n’est pas de courte vue, il s’agit d’une vue de confiance. On ne donne pas de l’emploi en créant des emplois publics. »
Une salve sans réplique, puisque le maire a préféré clore les débats, non sans avoir taxé ses opposants de menteurs. D’où la réplique consternée de l’élu Vert, Guy Batiot : « On se croirait dans une cour d’école. »