Le Journal du Pays Yonnais

Martin Tamisier, un prodige vendéen à Boston

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Martin Tamisier, 20 ans, originaire de Chantonnay, a intégré en septembre 2015 le Berklee College of Music de Boston, une des plus prestigieu­ses écoles de musique au monde.

Le jeune Vendéen a découvert la batterie à l’école de musique de Chantonnay et poursuivi son apprentiss­age au conservato­ire de La Roche-sur-Yon. Le bac en poche, il a effectué une année à l’école Jazz à Tours, avant de passer un concours très sélectif à Paris pour entrer au Berklee College et rejoindre les quelque 4 000 privilégié­s venus des quatre coins du monde accueillis à Boston. Aujourd’hui en deuxième année, il raconte son intégratio­n compliquée, son rythme de travail intense, ses satisfacti­ons, ses projets, ses espoirs, mais aussi ses craintes et ses doutes.

Le Journal du Pays Yonnais : Martin, comment s’est passée votre intégratio­n au Berklee College ?

Martin Tamisier : L’adaptation a été assez difficile. Boston est une très grande ville, j’ai eu du mal à m’habituer, je ne connaissai­s que Chantonnay, La Roche-sur-Yon et Tours. Bien que la ville soit assez verte malgré tout, la nature m’a beaucoup manqué les premiers temps. Quitter la famille et les amis a été très pénible aussi, même si je me suis rapidement fait des nouveaux camarades : des Français - nous sommes une quarantain­e à l’école et une demi-douzaine sur 200 dans la section batterie - des Européens, des Africains, des Américains du Sud, mais pas d’Américains du Nord. Et puis, il y a la nourriture, les prix exorbitant­s si l’on veut manger sainement et la mal bouffe bon marché.

Parlez-nous de vos cours…

J’ai des cours de musique bien sûr, mais aussi des cours de littératur­e anglaise, de communicat­ion, de droit, d’espagnol… L’an dernier, les cours n’étaient pas très intéressan­ts, mais plus les trimestres avancent, plus c’est passionnan­t. J’ai choisi cette année la spécialité Contempory writer production, pour tout apprendre de la compositio­n à la production, en passant par l’écriture et les arrangemen­ts. Depuis septembre, je fais moins de batterie. Mais j’accède aux studios, je compose, j’écris, je chante, j’arrange. J’ai déjà enregistré un morceau et j’espère très prochainem­ent sortir mon premier album. Ce qui est très important ici, c’est d’avoir un plan d’études en parallèle. Et d’y travailler. J’ai toujours envie d’aller plus loin. C’est mon choix, mais il faut pas mal d’endurance.

Dans le film Whiplash, le jeune batteur Andrew subit une maltraitan­ce inouïe de la part de son prof. Avezvous expériment­é pareille souffrance ?

Non, ici ça n’existe pas trop. Je n’ai pas eu les mains en sang à force de jouer, juste une fois des ampoules à l’issue d’un concert de quatre heures. Mais c’est vrai que certains profs sont assez durs. J’en ai eu un l’an dernier particuliè­rement sévère, mais pas du tout au point de celui du film. Il voulait juste me pousser vers le haut et après, quand il a vu que je travaillai­s beaucoup, il est devenu plus cool. Ici, les profs disent les choses, c’est le côté américain ; en France, on a davantage tendance à enrober. Moi, j’ai tenu le coup, mais il y a des élèves qui partent parce qu’ils n’aiment pas.

Dans quel domaine aimeriez-vous faire carrière ?

J’aimerais pouvoir écrire, composer pour moi mais aussi pour d’autres artistes, jouer et tourner avec d’autres musiciens. Pour le moment, je n’envisage pas de faire carrière aux USA, mais si une opportunit­é se présente, pourquoi pas. Je m’imagine plutôt en Europe, mais pas forcément en France. Il faut d’abord finir les études ici et ce n’est pas gagné. J’ai encore deux années à faire pour avoir la licence. C’est sûr qu’une licence du Berklee College, c’est un plus sur un CV. Il faudrait vraiment que je finisse…

Qu’est-ce qui pourrait vous en empêcher ?

Le coût des études par exemple. L’école est très chère. Il y a beaucoup d’étudiants qui arrêtent, la plupart du temps à cause de l’argent. Environ un quart. Je suis boursier. Aujourd’hui, je cherche des sponsors. Il y a des gens très riches qui sont prêts à financer les études d’un élève, s’il s’investit à fond et offre de bons retours. Il faut que ce soit à double sens. Pour le moment, je n’ai pas encore contracté d’emprunt, mais je vais peut-être devoir le faire.

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Martin Tamisier, jeune batteur originaire de Chantonnay, a fait ses armes au conservato­ire de La Roche-sur-Yon avant de s’envoler pour le Berklee College of Music de Boston.

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