Une famille sur scène pour son papi
Les Douillard monteront sur la scène de la Longère de Beaupuy, à Mouilleronle-Captif, en septembre prochain. Un spectacle 100 % familial en l’honneur de leur patriarche, atteint de la maladie d’Alzheimer.
C’est une histoire de famille pas comme les autres. Un scénario sur les planches. Des personnages liés par le sang. Leur nom : Douillard. Sur scène, ils deviennent les Douill’Artistes. « Le théâtre, c’est dans les gênes de la famille », sourit Patrick Tirton. Lui, c’est une pièce rapportée, marié à une des quatre filles Douillard. Acteur et auteur à ses heures. « Comme beaucoup d’autres chez nous… » Quinze en tout. « Du genre à nous emmener dans des galères pas possible », se marre Bernard Praud, un des tontons. A se faire des promesses, aussi. « On s’est toujours dit qu’on allait faire quelque chose ensemble ». Souvent refait le monde. « Autour d’un verre, car, dans la famille, tout est prétexte à faire la fête ».
Ils ont trinqué, une bonne fois pour toutes. « On en parlait tout le temps, mais on ne le faisait jamais », ne cache pas Ronan Philippe, représentant des petits-enfants. Cette pièce ensemble, ils vont la jouer. Enfin. Parce que la famille sait, aujourd’hui, pourquoi elle doit le faire. Pour qui. « Ce qui nous réunit aujourd’hui, c’est papi ». Le patriarche. Pas le plus bavard. Préfère couver du regard. Celui dont l’horizon s’est réduit à sa chambre. Quatre murs à l’Ehpad de Saint-Martindes-Noyers. « Alzheimer », murmurent les descendants. « Ça me fait mal de le voir dans cet état », lâche Maryvonne Praud, née Douillard.
100 % familial
Chacun a tenté de l’accepter. A son rythme. Tous se sont serré les coudes. Mis leur énergie dans le projet collectif. « On voulait tout faire de Aà Z ». La pièce ? Une évidence. « On n’allait pas chercher ailleurs qu’à SaintHonoré-les-Bouses », écrite par Patrick. Pas caster d’autres acteurs. Pas inviter d’autres bricoleurs. « Les décors, je m’en occupe », sourit Bernard. Pour les entreposer, adresse toute trouvée. « Dans un hangar, chez des cousins ». La billetterie, les pâtisseries, les costumes… tout sera fait maison. Même la compta. « On cherche des partenaires pour couvrir nos dépenses ». Car les euros des spectateurs, la famille Douillard veut les voir remplir les caisses de France Alzheimer Vendée. « Le choix de soutenir les familles confrontées à cette maladie était une évidence ».
Sur la scène mouilleronnaise de la Longère, en septembre, les coeurs d’Aline, Fanny, Elise, Jessica, Sébastien, Pierre et les autres battront fort. « Y’aura de la pression », promet Patrick Tirton. De l’émotion dans les coulisses, aussi. La mamie sera là, forcément. « Elle ne le montre pas, mais elle est fière de nous », glisse Maryvonne. Jules, né cet été, tentera ses premiers applaudissements. Mais tous n’auront qu’une pensée. « Notre papi de 88 ans. Tout ça, c’est pour lui. En espérant qu’il le voie…»