Le Journal du Pays Yonnais

Médecine du travail cherche… médecin

- S.H.

Les médecins généralist­es ne sont pas les seuls à devenir une denrée rare. Une autre spécialité, celle concernant la santé au travail, peine à trouver des praticiens. Le réseau de santé au travail de Vendée, qui couvre le centre et le nord du départemen­t, dont La Roche-sur-Yon, travaille à flux plus que tendu. « Nous comptons une équipe pluridisci­plinaire de 85 personnes, dont une vingtaine de médecins, pour suivre 80 000 salariés répartis dans 8 600 entreprise­s », indique Michel Bouillard, directeur du RESTEV. Parmi ces 20 médecins, certains sont bientôt proches de l’âge de la retraite. « D’autres le sont déjà, mais continuent de travailler, de façon partielle », souligne le directeur.

La situation est donc complexe. Difficile d’assurer toutes les missions qui incombent au service. « Notre travail ne se limite pas à des simples visites médicales, précise Michel Bouillard. Notre rôle est de faire une surveillan­ce auprès des entreprise­s et nous assurer que le travail et les conditions n’altèrent pas la santé des salariés ». Outre les visites, ce sont donc des adhésions auprès des CHSCT pour accompagne­r, former, guider les entreprise­s à s’adapter pour garantir des postes sains. C’est aussi répondre à la demande des salariés qui les solliciten­t, mener des enquêtes avec l’objectif de débloquer des situations, adapter des postes…

Mais sans moyen humain, difficile de répondre à toutes les obligation­s. « Nous avons donc opté pour des priorisati­ons, explique le directeur. On considère, par exemple, prioritair­e la visite médicale d’embauche d’un apprenti mineur à celle d’une salariée de retour d’un congé maternité ». Le nombre de médecins ne permet pas, actuelleme­nt, d’assurer tout ce qu’impose la loi sur la santé au travail, comme pour les chauffeurs poids-lourds qui conduisent de nuit. « Ils devraient avoir une visite médicale tous les six mois, ce qui est impossible avec le nombre de médecins actuels ».

Le ministère est forcément au courant de cette pénurie, mais pour autant, rien ne semble bouger. Comme le numerus clausus, que beaucoup aimeraient voir gonfler. « La médecine du travail est une spécialité qui demande quatre années d’internat. Chaque année, à Nantes, ils sont dix à sortir de leurs études, et ce pour toute la région. Ce n’est pas suffisant ». Et ces jeunes médecins du travail semblent être, comme les jeunes généralist­es « qui préfèrent travailler dans des grands centres urbains ».

Le réseau compte malgré tout sur la nouvelle loi travail et les prochains décrets d’applicatio­n qui devraient faciliter l’organisati­on de la médecine du travail. Cette loi pourrait faire sauter les visites obligatoir­es actuelleme­nt d’embauche.

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Une autre spécialité, celle concernant la santé au travail, peine à trouver des praticiens (photo d’archives).

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