« Cet homme présente un degré de dangerosité non négligeable »
Membre du groupe Facebook « Mes sousvêtements s’appellent reviennent », la psychothérapeute et psychologue clinicienne de Challans, Sophie Brun, a tenu à témoigner pour alerter sur la dangerosité du voleur de culottes.
Le Journal du Pays Yonnais : Pourquoi le voleur s’en prend-il aux sous-vêtements de ses victimes ?
Sophie Brun : Cet homme présente une paraphilie de type fétichisme. Ses pulsions sexuelles ne sont satisfaites que par l’utilisation d’un objet de substitution. En l’occurrence des sous-vêtements.
Dans vos commentaires sur Facebook, vous parlez de « pervers ». Qu’est-ce qui vous laisse penser qu’il est plus qu’un fétichiste ?
Il ne se contente pas de décrocher des sous-vêtements étendus, il se rend coupable de violation de domicile et d’effraction. Aucun autre objet n’est dérobé. C’est un comportement psychopathique dont l’unique but est d’assouvir ses pulsions sexuelles. Il prend plaisir à pénétrer et explorer l’intimité du domicile de ses victimes, à leur insu (voyeurisme). En faisant des guirlandes et en éparpillant leurs sous-vêtements souillés, il se met en scène, s’exhibe, surprend et contraint ses victimes à voir ce qu’elles n’auraient jamais consenti à voir (exhibitionnisme). Il s’agit symboliquement d’un viol psychique. Nous faisons face à une composante perverse, doublée d’une incapacité à pouvoir différer la satisfaction de ses pulsions, et donc d’une intolérance aux frustrations (psychopathie). On est bien audelà du fétichiste. Et personne ne peut prédire quelle pourrait être sa réaction s’il devait être confronté à l’arrivée d’une de ces femmes.
Les vols et les intrusions dans les domiciles dénotent une montée en puissance…
Il y a plusieurs indicateurs de montée en puissance qui montreraient qu’il traverse une crise de fragilité extrême dont personne ne peut connaître l’aboutissement. Au-delà des vols, il y a surtout les effractions, les sous-vêtements souillés volontairement laissés sur place, les mises en scène, et particulièrement le fait qu’il aille visiter plusieurs fois une même victime, afin d’asseoir son emprise. Se faisant, il cherche à créer un lien psychique avec ses victimes : un lien pathologique inquiétant dans le sens où il est sexualisé, imposé et répété. Cette montée en puissance résulte du fait qu’à force de passages à l’acte réussis, il prenne confiance en lui. Il semble qu’actuellement, seul un rappel à la loi pourrait le stopper dans cette course effrénée et ce sentiment de toute puissance.
D’après les éléments dont vous disposez, quel pourrait être le profil de cet individu ?
Ce que les particularités de son mode opératoire nous révèlent, son fonctionnement psychique s’apparente à l’oeuvre d’une personnalité psychopathique et perverse. Ce qui signe un comportement pervers pathologique est une impulsion sexuelle déviante, intense et répétée, ainsi que la notion de contrainte pour parvenir à une satisfaction sexuelle. Symboliquement ou pas : tout est là.