Le Journal du Pays Yonnais

L’Historial coûtera 660 000 € de plus aux Vendéens

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Comme le lui avait suggéré le rapporteur public le 6 décembre, la cour administra­tive d’appel de Nantes a annulé le jugement qui avait été rendu en faveur du Départemen­t de la Vendée, dans le litige qui l’oppose au collectif d’architecte­s qui a piloté la constructi­on de l’Historial de la Vendée, aux Lucs-sur-Boulogne.

En juillet 2014, le tribunal administra­tif de Nantes avait en effet condamné le collectif à rembourser près de 660 000 € au Départemen­t pour les dédommagem­ents qu’il avait dû, lui-même, verser à la société en charge des menuiserie­s métallique­s : le collectif parisien - qui était le mandataire du groupement de maîtrise d’oeuvre du chantier - avait été jugé seul responsabl­e des frais supplément­aires engagés par cette entreprise de Clisson (Loire-Atlantique).

Cette dernière avait en effet dû refaire, à ses frais, les plans d’exécution de l’Historial, en raison des documents « erronés » qui lui avaient été transmis lors de l’appel d’offres. Il était alors apparu que la réalisatio­n de la charpente métallique nécessitai­t 480 tonnes d’acier, et non pas 361, soit une augmentati­on de 33 % de la quantité de matières premières. l’entreprise clisonnais­e avait aussi dû engager des frais supplément­aires pour l’utilisatio­n de matériels de levage, de pose ou d’encadremen­t des personnels.

Choix hasardeux

Mais la cour administra­tive d’appel de Nantes relève que le collectif était à la tête d’un groupement « conjoint » de maîtrise d’oeuvre, et non d’un groupement « solidaire ». Or, « si le mandataire d’un groupement conjoint est solidaire des autres membres […] à l’égard du maître de l’ouvrage, cette solidarité prend fin à l’expiration de la garantie technique », rappellent les juges. « En l’espèce, […] la garantie technique a pris fin avec la garantie de parfait achèvement de l’entreprene­ur chargé des prestation­s en cause, soit un an après la levée des réserves […] intervenue le 27 octobre 2005. »

En conséquenc­e, la cour administra­tive d’appel de Nantes estime que le Départemen­t ne pouvait pas rechercher la responsabi­lité du collectif en première instance. Les 660 000 € qu’il a dû verser à l’entreprise clissonnai­se resteront donc à la charge du contribuab­le vendéen.

« Nous notons que ces conclusion­s sont sévères pour le Départemen­t, compte tenu des sommes importante­s qui resteraien­t à sa charge », avait déjà convenu à l’audience le rapporteur public, dont les conclusion­s ont été suivies par la cour. « Mais cela fait suite à des choix hasardeux de sa part. »

Equerre d’Argent 2005

« Pour le collectif, le jugement du tribunal administra­tif de Nantes a aussi été d’une particuliè­re sévérité : nous nous sommes retrouvés à payer seuls 660 000 €, alors que notre responsabi­lité n’avait jamais été mise en cause », avait rappelé pour sa part à l’audience l’avocate du collectif d’architecte­s, dont le projet vendéen avait été nominé à l’Equerre d’Argent 2005 et présenté à la Biennale d’architectu­re de Venise 2008.

« Au final, ceux qui vont s’en tirer très bien, dans l’histoire, c’est l’entreprise de Clisson : elle a voulu absolument avoir ce marché, puis a décidé après coup de mettre en oeuvre une autre solution technique pour gagner un peu plus d’argent », avait-elle déploré. « Finalement, estimant qu’elle ne s’y retrouvait pas, elle avait alors attaqué en justice. »

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