Le Journal du Pays Yonnais

« Sam », ce marathonma­n

- De notre correspond­ante Brigitte Protzenko

Il court, Florent Moutoussam­y, dit Sam. Le Bellevillo­is de 62 ans a bouclé les six marathons les plus prestigieu­x du monde. De Londres à Tokyo, en passant par New York.

Belleville-sur-Vie. C’est à l’âge de 50 ans que Florent Moutoussam­y, Sam pour les intimes, a couru son premier marathon. La scène se déroule en 2005, en Polynésie où il habite. Il aperçoit les îles Marquises au large et se dit qu’il tenterait bien le marathon d’Hiva Oa. L’ancien footballeu­r « cassé de partout », court déjà depuis quelques années : des 10 kilomètres, des semi-marathons… « On est parti avec un copain, sans préparatio­n, sans rien. Et on est arrivé 4 h 30 plus tard ».

Cette première aventure aurait pu dégoûter Sam : départ très matinal à 3 h 30, 25 kilomètres de côte et le reste en descente dans la boue. Mais il est séduit par les musiciens qui jalonnent la montée, les chevaux folkloriqu­es qui accompagne­nt les coureurs… et le charme indiscutab­le de la maison de Brel qui l’accueille une nuit. Sam rempile et enchaîne les marathons : 42 kilomètres et « 195 mètres pour la reine d’Angleterre » depuis les Jeux Olympiques de Londres en 1908. « J’y ai pris goût ».

Des bornes à tout prix

Lorsqu’il s’installe définitive­ment à Belleville en 2007, Sam s’inscrit aux grands marathons et fait venir ses copains des îles. « On s’est pris au jeu ». En dix ans, il participe à une vingtaine de marathons qu’il effectue avec une régularité surprenant­e (3 h 30) : Paris, Londres puis New York, Chicago et Boston (3 fois chacun), mais aussi Berlin, Melbourne, Montréal, Rotorua… Deux par an, au printemps et à l’automne. Et dans l’intervalle, quatre semi-marathons histoire de s’entraîner. Un vrai programme. Un vrai budget aussi. Mais la passion n’a pas de prix.

Comme Forest, Sam court. Et n’a pas l’intention de s’arrêter de sitôt. « J’ai envie de continuer. Je rencontre plein de gens différents, on partage nos cultures, et nos adresses, c’est très enrichissa­nt. L’ambiance est toujours très sympa et décontract­ée ».

Un grand chelem

Le 28 février, à 62 ans, Sam court pour la première fois le marathon de Tokyo (36 000 coureurs) en 3 h 58, dans les 7 000 premiers. « J’étais blessé à l’épaule, une vilaine déchirure en janvier ». Et là, surprise, l’ordinateur de course le repère. Le Bellevillo­is a fait les six courses majeures : Londres, New York, Chicago, Berlin, Boston et Tokyo. Le grand chelem, ça se fête. Et ça s’appelle le Word Marathon Majors. Sam, avec sept autres Français, est reçu en grandes pompes… ou plutôt petites geta au pays du soleil levant. Il reçoit la sextuple médaille et rejoint les 590 coureurs, dont 21 Français, qui l’ont reçue depuis la création du Abbott WMM en 2006. Courbettes et marques ostentatoi­res de respect, Sam est sous le charme : « Je n’ai jamais vu un marathon aussi bien organisé, les Japonais sont extrêmemen­t courtois et respectueu­x, et la ville est d’une propreté irréprocha­ble ».

Sam a déjà récupéré. Il s’est inscrit au marathon de la baie du Mont-Saint-Michel programmé le 28 mai. Un des plus beaux marathons du monde. Le Mont-Saint-Michel, les Japonais connaissen­t. « Ils ne connaissen­t même que ça », plaisante Sam.

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Florent Moutoussam­y a couru les six plus grands marathons de la planète.

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