Le terrain de la ZAC inspecté
Les équipes de l’INRAP (Institut National des Recherches Archéologiques Préventives) ont entamé, lundi 27 mars, le diagnostic archéologique sur la ZAC Le Redoux. Il s’agit d’une obligation légale, depuis 1941, pour la protection du patrimoine archéologique. Dominique Doyen, archéologue, responsable de l’opération, répond à nos questions.
JPY : Comment organisezvous ces fouilles ?
Dominique Doyen : Nous allons sonder environ 10 % de la surface totale du projet qui s’étend sur 8 hectares. On va creuser des tranchées de 40 mètres de long, de façon aléatoire, tous les 20 mètres. Le terrain est argileux, on creuse environ à 50-60 cm. On est en phase de détection, c’est à nous de déterminer s’il y a une présence de vestiges. Notre travail consiste à noter toutes les anomalies du terrain : on repère les différences de coloris de la terre, on définit alors si l’anomalie est naturelle ou anthropique (réalisée par l’homme), et on essaye de définir ce que c’est. Nous avons 8 jours pour traiter le terrain, c’est court.
Que pourriez-vous trouver ?
On peut trouver des restes de toutes périodes. Dans le secteur, on a déjà trouvé une ferme gauloise et des traces gallo-romaines diffuses. Nous sommes en zone rurale, on peut prévoir de trouver des vestiges de structures légères en bois et torchis, des matériaux périssables qui laissent très peu de traces. On peut détecter la trace d’un fossé, un trou de poteau, fondations de murs, fours, foyers ou sépultures. On peut aussi trouver du mobilier archéologique : fragments de poteries, objets de la vie quotidienne ou de l’artisanat, métal, verre, fer, céramique. Notre rôle est de déterminer l’organisation des vestiges et leur datation.
Que se passera-t-il ensuite ?
Nous établissons un compterendu de notre travail, en étayant des hypothèses et en apportant nos arguments. Ensuite, les services de l’Etat décident s’il y a un intérêt scientifique. Si oui, ils vont demander à l’aménageur de faire procéder à des fouilles avant destruction complète, au moment des travaux de lotissement. Il est possible aussi de modifier les projets pour sauvegarder un site, ou changer les techniques de construction, tout cela est à la charge du démolisseur, avec d’éventuelles subventions de l’Etat. Les emplacements fouillés seront rebouchés et géolocalisés par des topographes, afin qu’un dossier précis soit remis aux aménageurs, indiquant les secteurs retournés.