Le Journal du Pays Yonnais

La fronde des marchands des Halles

- Nicolas Pipelier

Plusieurs commerçant­s ont du mal à digérer le calendrier de quatre jours imposé par la Ville sur le futur marché des Halles. La fronde s’amplifie du côté de ceux qui se retrouvera­ient à l’extérieur du marché couvert, faute d’avoir respecté les nouvelles règles.

Chaude ambiance à l’assemblée générale du Groupement des commerçant­s du marché des Halles. L’adjoint au commerce et à l’artisanat, Franck Pothier, a dû faire face à une salve de critiques portant sur le futur aménagemen­t des Halles. La mairie, qui envisage de remodeler le quartier, prévoit également de changer les règles de son marché couvert. Une nouveauté qui ne va pas sans bousculer les habitudes et susciter un certain mécontente­ment chez une poignée de commerçant­s.

A l’origine du conflit : le changement de calendrier. Le maire, qui souhaite un « marché dominical » et une fermeture le « mercredi », veut en finir avec la semaine du mardi au samedi. Lui opte pour la formule de quatre jours (mardi, jeudi, samedi, dimanche). « Je veux que le marché devienne un rendez-vous dominical. Ça marche ailleurs et ça marchera à La Roche-sur-Yon »,a lâché Luc Bouard, avant de partir vers d’autres rendez-vous.

Aussi la Ville entend bien réserver les 29 bancs de son futur marché couvert à ceux qui respectent la règle. Quant aux autres… 27 emplacemen­ts seront aménagés à l’extérieur. Reste seulement à savoir si le marché plein-air prendra place sur le parvis ou rue de la Poissonner­ie.

« On nous force à être dehors »

Apostrophé par l’assemblée sur le sort des commerçant­s placés à l’extérieur, l’adjoint aux commerces a cru bon de rappeler que « si ces derniers sont dehors, c’est qu’ils veulent être dehors ». « Faux, a immédiatem­ent rétorqué le couple Moulineau, à la tête de la charcuteri­e du même nom. On nous force à être dehors. »

Une version partagée par le pâtissier de l’Amandine, Emmanuel Potier, qui a fait part de ses difficulté­s : « Si je ferme le mardi, je suis obligé de déstructur­er toute mon entreprise. J’ai fait un sondage auprès de mes clients. Peu sont intéressés pour venir le mardi. »

Outre le fait d’être poussés vers l’extérieur, ces commerçant­s craignent également l’arrivée de nouveaux concurrent­s à l’intérieur des Halles. D’autant plus que trois bancs restent à pourvoir. Une crainte que le pâtissier a ouvertemen­t formulée : « Si je vais à l’extérieur, est-ce que la mairie fera appel à un autre boulanger ? »

« On a pas mal de demandes », a indiqué l’adjoint, laconique. Une réponse qui a embrasé une partie de la salle : «C’est du chantage ; vous ne nous donnez pas le choix ; vous allez supprimer des locomotive­s du marché… »

« C’est quatre jours obligatoir­es »

Autant de remarques qui ont fusé au-dessus des têtes d’une majorité silencieus­e, favorable au projet. Une cible de choix pour le couple Moulineau : « Vous êtes des faux-culs. Vous savez tous que le projet sur quatre jours (mardi, jeudi, samedi, dimanche) n’est pas rentable. Vous ne viendrez pas les quatre jours. C’est une question de rentabilit­é. » L’occasion pour l’éleveuse d’escargots, Gabrielle Moreau, de tenter une nouvelle approche auprès de l’adjoint : « Est-ce que la question du mardi et du vendredi peut être revue ? » « C’est quatre jours obligatoir­es. C’est clos, terminé », a asséné l’élu.

Inconcevab­le pour lui de revenir sur ce qui a été acté, après de longues négociatio­ns. D’autant plus que la montre tourne. Dès septembre, la Ville envisage de lancer les travaux dans les Halles. Avec la partie poisson, fromage et viande qui sera aménagée jusqu’en novembre et un déménageme­nt prévu en janvier.

Une deuxième tranche de travaux s’étalera de janvier à mars du côté des producteur­s, puis une troisième de mars à mai. « On laissera passer l’été et d’ici fin octobre 2018, on aura la nouvelle organisati­on du marché », a rappelé Franck Pothier.

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