Le Journal du Pays Yonnais

Un plan pour sauver l’agricultur­e locale

- Stéphanie Hourdeau

La municipali­té d’Aizenay a lancé officielle­ment son plan d’action pour soutenir et préserver l’agricultur­e locale. Elle est la première commune à mettre des moyens pour soutenir cette filière.

Aizenay. Il faut sauver l’agricultur­e agésinate. C’est la dernière mission que vient de se lancer la municipali­té. « La situation est alarmante sur notre commune, confie Bernard Perrin, maire d’Aizenay. Nous constatons beaucoup de départs de chefs d’exploitati­on et pas de successeur­s en prévision ». En effet, entre 2010 et 2015, une dizaine de sièges agricoles a disparu. Et de plus en plus de ces terres sont rachetées, « mais par des activités non agricoles », comme la chasse. De plus, une quinzaine d’autres fermes se pose la question d’arrêter. Comme si cela ne suffisait pas, le contexte économique n’arrange rien et met à mal la transmissi­on de ces exploitati­ons, les anciens n’encouragea­nt pas la jeune génération à poursuivre.

Terre d’élevage à 90 %

Pourtant, Aizenay profite dune « mosaïque de production­s et d’orientatio­ns culturales », rappelle le maire. Terre d’élevage à 90 %, Aizenay compte aussi des maraîchers, des petites exploitati­ons écoulant localement et directemen­t leur production et des plus grandes qui font travailler des transforma­teurs ou distribute­urs. Des modèles complément­aires que la municipali­té veut épauler. « Tous les modèles ont leur raison d’être, leur utilité, mais fermer la porte à des exploitati­ons plus grandes serait à coup sûr la porte à des importatio­ns massives, analyse Bernard Perrin. Il faut rappeler qu’un chef d’exploitati­on fait vivre quatre emplois en amont et en aval ».

La question qui inquiète la municipali­té : « si les agriculteu­rs agésinates disparaiss­ent, qu’adviendra-t-il alors des Grands Moulins, de la Minoterie d’Aizenay, d’Appro Fournil, des Fournées de la Vie, des abattoirs de Challans… Toutes ces entreprise­s qui travaillen­t grâce au travail des éleveurs et producteur­s ? Et quid de la richesse du paysage agricole agésinate ? »

Un plan novateur et expériment­al

Ces constats et inquiétude­s ont motivé la commune à lancer un plan d’action de transmissi­on. Ce plan prévoit d’aller plus loin que ce qui existe déjà, à savoir un simple recensemen­t des futurs cédants et des candidats à l’installati­on, communémen­t appelé Répertoire Départ-Installati­on (RDI) tenu par la Chambre d’agricultur­e. C’est la première fois qu’une commune prend les moyens de mettre en oeuvre un plan d’action qui vise à maintenir l’économie agricole face à la disparitio­n des exploitati­ons. « Nous avons le devoir de les aider », estime Bernard Perrin. Un devoir économique « et moral », insiste-t-il.

Ce plan a pour objectif de montrer que la collectivi­té soutient les agriculteu­rs, et qu’elle a la volonté de préserver l’agricultur­e locale. Il veut aussi redonner confiance aux agriculteu­rs dans l’envie de transmettr­e, et donner aux jeunes l’envie de prendre la suite. En allant vers eux, en provoquant des rencontres entre cédants et jeunes prêts à s’installer, en proposant des diagnostic­s pour faciliter les transmissi­ons. « On veut donner des clés pour que les acteurs reprennent le destin de l’agricultur­e locale », conclut Bernard Perrin.

Ce plan d’action « novateur et expériment­al » se fait en collaborat­ion avec la Chambre d’agricultur­e, avec des moyens financiers importants. Il est estimé à 115 694 € pour trois ans, de 2017 à 2020. 44 % pourraient être assurés par l’Etat, la Région et le Départemen­t. Soit 51 277 €. La municipali­té d’Aizenay a décidé de prendre en charge le reste, soit 64 417 €, ce qui représente une enveloppe de 21 472 € par an.

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