Un plan pour sauver l’agriculture locale
La municipalité d’Aizenay a lancé officiellement son plan d’action pour soutenir et préserver l’agriculture locale. Elle est la première commune à mettre des moyens pour soutenir cette filière.
Aizenay. Il faut sauver l’agriculture agésinate. C’est la dernière mission que vient de se lancer la municipalité. « La situation est alarmante sur notre commune, confie Bernard Perrin, maire d’Aizenay. Nous constatons beaucoup de départs de chefs d’exploitation et pas de successeurs en prévision ». En effet, entre 2010 et 2015, une dizaine de sièges agricoles a disparu. Et de plus en plus de ces terres sont rachetées, « mais par des activités non agricoles », comme la chasse. De plus, une quinzaine d’autres fermes se pose la question d’arrêter. Comme si cela ne suffisait pas, le contexte économique n’arrange rien et met à mal la transmission de ces exploitations, les anciens n’encourageant pas la jeune génération à poursuivre.
Terre d’élevage à 90 %
Pourtant, Aizenay profite dune « mosaïque de productions et d’orientations culturales », rappelle le maire. Terre d’élevage à 90 %, Aizenay compte aussi des maraîchers, des petites exploitations écoulant localement et directement leur production et des plus grandes qui font travailler des transformateurs ou distributeurs. Des modèles complémentaires que la municipalité veut épauler. « Tous les modèles ont leur raison d’être, leur utilité, mais fermer la porte à des exploitations plus grandes serait à coup sûr la porte à des importations massives, analyse Bernard Perrin. Il faut rappeler qu’un chef d’exploitation fait vivre quatre emplois en amont et en aval ».
La question qui inquiète la municipalité : « si les agriculteurs agésinates disparaissent, qu’adviendra-t-il alors des Grands Moulins, de la Minoterie d’Aizenay, d’Appro Fournil, des Fournées de la Vie, des abattoirs de Challans… Toutes ces entreprises qui travaillent grâce au travail des éleveurs et producteurs ? Et quid de la richesse du paysage agricole agésinate ? »
Un plan novateur et expérimental
Ces constats et inquiétudes ont motivé la commune à lancer un plan d’action de transmission. Ce plan prévoit d’aller plus loin que ce qui existe déjà, à savoir un simple recensement des futurs cédants et des candidats à l’installation, communément appelé Répertoire Départ-Installation (RDI) tenu par la Chambre d’agriculture. C’est la première fois qu’une commune prend les moyens de mettre en oeuvre un plan d’action qui vise à maintenir l’économie agricole face à la disparition des exploitations. « Nous avons le devoir de les aider », estime Bernard Perrin. Un devoir économique « et moral », insiste-t-il.
Ce plan a pour objectif de montrer que la collectivité soutient les agriculteurs, et qu’elle a la volonté de préserver l’agriculture locale. Il veut aussi redonner confiance aux agriculteurs dans l’envie de transmettre, et donner aux jeunes l’envie de prendre la suite. En allant vers eux, en provoquant des rencontres entre cédants et jeunes prêts à s’installer, en proposant des diagnostics pour faciliter les transmissions. « On veut donner des clés pour que les acteurs reprennent le destin de l’agriculture locale », conclut Bernard Perrin.
Ce plan d’action « novateur et expérimental » se fait en collaboration avec la Chambre d’agriculture, avec des moyens financiers importants. Il est estimé à 115 694 € pour trois ans, de 2017 à 2020. 44 % pourraient être assurés par l’Etat, la Région et le Département. Soit 51 277 €. La municipalité d’Aizenay a décidé de prendre en charge le reste, soit 64 417 €, ce qui représente une enveloppe de 21 472 € par an.