Le Journal du Pays Yonnais

Il part en prison, elle pleure

- (1) Prénom d’emprunt. M.H.

Laura (1) a réussi à appeler la police. Quand les fonctionna­ires poussent la porte de son domicile yonnais, ce 30 janvier 2017, ils découvrent Stéphane (1) en train de la frapper. « Madame hurlait au secours, prostrée sur le canapé », relate le président du tribunal, Gwenolé Ploux. Une bouteille de whisky, à moitié vide, trône sur la table du salon. Aux enquêteurs, Laura conte l’horreur : les claques, l’étrangleme­nt, mais aussi ce saut sur sa jambe.

Face au tribunal, la version de la jeune femme change : « Quand la police est arrivée, il voulait nettoyer le sang sur mon visage ». Le président brandit les photos. Son portrait salement amoché : « Vous ne vous êtes pas fait ça toute seule ? »

Déjà deux compagnes battues

Stéphane, lui, reste silencieux. Jusqu’à la question du magistrat : « Vous avez eu d’autres femmes ? Vous les tapiez ? » Réponse ferme : « Non ». Et le tribunal de tousser : « 2011, vous avez été condamné pour violences sur votre concubine. 2014, deuxième fois…» Le prévenu de 46 ans préfère ne pas s’en souvenir. Se tourne vers celle qui était sa concubine en début d’année : « Je regrette. Si elle me pardonnait, je retournera­is avec elle ». Laura reprend la parole : « Je regrette d’avoir porté plainte. Ce n’est pas ce que je voulais. Je l’aime toujours ».

« On ne peut pas admettre ce genre de faits », clame Hervé Lollic, le procureur. « Les policiers ont décrit une scène d’une violence inouïe. Monsieur défoule son agressivit­é. Monsieur frappe ». Il requiert un an d’emprisonne­ment, dont quatre mois assortis d’un sursis mise à l’épreuve. Face à la récidive, il demande le mandat de dépôt. Réaction immédiate du prévenu : « Je ne voudrais pas retourner en prison. J’essaie de trouver une solution ».

Le tribunal suit les réquisitio­ns. « Les faits sont extrêmemen­t graves », argue Gwenolé Ploux. « C’est la troisième fois que vous tapez sur une compagne. Vous n’avez aucun droit sur vos concubines ». Encadré par des policiers, Stéphane quitte le palais de justice, menottes aux poignets. Il passe devant Laura, submergée par les larmes.

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