Le Journal du Pays Yonnais

« Nous réclamons seulement l’égalité de traitement »

- Les prochaines soirées du centre LGBT : vendredi 9 juin, ciné-débat, Jour de France, 20 h 30, au Concorde. Tarif : 5 € ; 24 juin, dès 20 h, soirée au Privilège du Damier, Landeronde ; 30 juin, rencontre conviviale femmes au siège LGBT. Programme complet s

Sous le regard de l’Empereur, de nombreux visiteurs-visiteuses s’attardent devant les panneaux d’informatio­n en cette journée mondiale contre l’homophobie. L’occasion pour les membres du centre Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenre­s (LGBT) de Vendée, d’évoquer leur vie au quotidien, à La Roche-sur-Yon.

Journal du Pays Yonnais : Quel a été votre cheminemen­t et comment vivez-vous à La Roche-sur-Yon ?

Adeline et Elodie, jeune couple sur le point de se marier : Je suis originaire du bocage vendéen (Adeline). J’ai attendu d’être indépendan­te financière­ment avant d’annoncer mon homosexual­ité à mes parents. Même s’il leur a fallu du temps, ça s’est plutôt bien passé. C’est lors de cafés homo, à Nantes, que j’ai rencontré Elodie. Aujourd’hui, à La Roche-sur-Yon, LGBT organise au moins une soirée conviviale par mois, soit femmes, soit gay, soit mixte. Car, malgré les avancées, nous sommes encore victimes d’insultes, de quolibets…

Elodie : Moi, j’ai décidé de faire mon coming-out d’abord avec ma mère et mon frère, et plus tard avec mon père… Effectivem­ent, Nantes est une grande ville dans laquelle les lieux de rencontre sont plus nombreux. À La Roche-sur-Yon, même si nous restons discrètes et réservées, par peur des regards ou des moqueries, on vit très bien. Nous avons acheté une maison et avons des rapports de bon voisinage après, il est vrai, quelques regards au départ. Nous sommes bien acceptées et ne demandons qu’à vivre comme les autres.

Claude et Jean-Claude, retraités, 40 ans de vie commune. Jean-Claude : A Paris, on avait une double vie. Au travail, quand Claude appelait, c’était mon beau-frère ! Car, dans la métallurgi­e, c’était un milieu macho et plein de préjugés. Depuis notre retraite, nous vivons notre couple au grand jour.

Claude : Nous avons toujours eu une attitude correcte en public, sans démonstrat­ion et c’est ainsi que nous sommes bien acceptés, que les gens se rendent compte que nous sommes des personnes comme les autres et que notre vie intime ne regarde que nous. Si nos relations de voisinage sont excellente­s, il n’en va pas de même, pour moi, avec une partie de ma famille ! J’ai un frère, une parenté administra­tive, devrais-je dire, qui est homophobe et a fait beaucoup de mal dans le milieu familial. Les choses ont évolué assez vite ces dernières années. Hélas, depuis la Manif pour tous, il y a eu une régression. C’est pourquoi il faut encore nous battre contre l’intoléranc­e homophobe.

Elodie et Jérôme, coprésiden­ts de LGBT : Ce que réclament les gays, les lesbiennes et transgenre­s, ce n’est QUE l’égalité de traitement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons réclamé, n’en déplaise à la Manif pour tous, le droit au mariage : pour être comme tout le monde ! Comme tout le monde, nous sommes soumis à l’impôt, faisons nos courses, avons des amis, une vie sociale… Pourquoi, alors que notre attirance relève de l’intime, cela nécessite encore des remarques, des justificat­ions ? On voit bien que les hétéros, eux, n’ont jamais à se justifier… C’est la société qui nous rend différents et nous marginalis­e et nous devenons une minorité hors norme, alors que nous ne revendiquo­ns que d’être comme les autres.

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