« Nous réclamons seulement l’égalité de traitement »
Sous le regard de l’Empereur, de nombreux visiteurs-visiteuses s’attardent devant les panneaux d’information en cette journée mondiale contre l’homophobie. L’occasion pour les membres du centre Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) de Vendée, d’évoquer leur vie au quotidien, à La Roche-sur-Yon.
Journal du Pays Yonnais : Quel a été votre cheminement et comment vivez-vous à La Roche-sur-Yon ?
Adeline et Elodie, jeune couple sur le point de se marier : Je suis originaire du bocage vendéen (Adeline). J’ai attendu d’être indépendante financièrement avant d’annoncer mon homosexualité à mes parents. Même s’il leur a fallu du temps, ça s’est plutôt bien passé. C’est lors de cafés homo, à Nantes, que j’ai rencontré Elodie. Aujourd’hui, à La Roche-sur-Yon, LGBT organise au moins une soirée conviviale par mois, soit femmes, soit gay, soit mixte. Car, malgré les avancées, nous sommes encore victimes d’insultes, de quolibets…
Elodie : Moi, j’ai décidé de faire mon coming-out d’abord avec ma mère et mon frère, et plus tard avec mon père… Effectivement, Nantes est une grande ville dans laquelle les lieux de rencontre sont plus nombreux. À La Roche-sur-Yon, même si nous restons discrètes et réservées, par peur des regards ou des moqueries, on vit très bien. Nous avons acheté une maison et avons des rapports de bon voisinage après, il est vrai, quelques regards au départ. Nous sommes bien acceptées et ne demandons qu’à vivre comme les autres.
Claude et Jean-Claude, retraités, 40 ans de vie commune. Jean-Claude : A Paris, on avait une double vie. Au travail, quand Claude appelait, c’était mon beau-frère ! Car, dans la métallurgie, c’était un milieu macho et plein de préjugés. Depuis notre retraite, nous vivons notre couple au grand jour.
Claude : Nous avons toujours eu une attitude correcte en public, sans démonstration et c’est ainsi que nous sommes bien acceptés, que les gens se rendent compte que nous sommes des personnes comme les autres et que notre vie intime ne regarde que nous. Si nos relations de voisinage sont excellentes, il n’en va pas de même, pour moi, avec une partie de ma famille ! J’ai un frère, une parenté administrative, devrais-je dire, qui est homophobe et a fait beaucoup de mal dans le milieu familial. Les choses ont évolué assez vite ces dernières années. Hélas, depuis la Manif pour tous, il y a eu une régression. C’est pourquoi il faut encore nous battre contre l’intolérance homophobe.
Elodie et Jérôme, coprésidents de LGBT : Ce que réclament les gays, les lesbiennes et transgenres, ce n’est QUE l’égalité de traitement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons réclamé, n’en déplaise à la Manif pour tous, le droit au mariage : pour être comme tout le monde ! Comme tout le monde, nous sommes soumis à l’impôt, faisons nos courses, avons des amis, une vie sociale… Pourquoi, alors que notre attirance relève de l’intime, cela nécessite encore des remarques, des justifications ? On voit bien que les hétéros, eux, n’ont jamais à se justifier… C’est la société qui nous rend différents et nous marginalise et nous devenons une minorité hors norme, alors que nous ne revendiquons que d’être comme les autres.