Le port du casque bientôt obligatoire place Albert 1er ?
Le 31 mai, 11 h 20. Un groupe d’enfants de Moyenne et grande section, les yeux encore plein d’images, sort du cinéma Le Concorde, d’une séance consacrée aux grands du burlesque. La classe du groupe scolaire Léonce-Gluard s’arrête sur le trottoir, le long du square, en face du lycée SaintFrançois-d’Assise, pour en attendre une seconde, qui est encore dans le hall.
Soudain, un stylo Bic noir tombe sur un père d’élève accompagnateur. Le géniteur lève les yeux vers les cieux : nul cumulonimbus porteur d’outils scripteurs. Mais les objets continuent de choir : crayon de bois, surligneur, Stabilo orange… Les rideaux, par d’anormaux mouvements, trahissent bientôt la vraie nature du bombardement hétéroclite : les assaillants sont retranchés dans les étages du lycée.
Avec le dénivelé lié à la hauteur, chaque projectile prend dans sa chute une vitesse synonyme d’agression physique pour le petit qui le recevrait. Les jets sont intentionnels car la balistique impose des trajectoires incurvées et précises pour le franchissement de la rue Gouvion. Un regard rapide au sol indique par ailleurs que le champ de tir a déjà accueilli d’autres combats, les nombreux tampons de mobilier scolaire qui jonchent le sol près des voitures en stationnement en attestent. Après arrivée de son collègue pouvant veiller sur ses élèves et mise hors de portée des tirs ennemis, l’institutrice de la classe, vive, saisie de solidarité pédagogique comme de légitime courroux, s’en va, alerte, signaler le problème à l’équipe éducative. Orientée vers un bureau proche de l’accueil, elle doit insister pour que, de visu, un responsable vienne constater l’ampleur des hostilités. For blasé, visiblement peu concerné, l’homme se fend péniblement d’un « on verra avec la classe », avant de hausser les épaules devant une demande de retour par mail. Ou d’un petit coup de fil, pour le suivi, et la garantie d’un total armistice pour les passants.
Hardi les petits, ayez de la mémoire, mais soyez sans rancune… Après tout, qui sait, quand vous aurez grandi, peut-être que le vivre ensemble, objet de tant de discours, sera devenu réalité…