Bernard Doreau s’en est allé

Bernard Doreau, une des figures de l’enseignement yonnais, est décédé le 31 mai à l’âge de 81 ans.

Ce qui frappait d’abord l’élève instituteur qui rentrait dans sa classe, c’était le tableau. Impeccable, avec des lettres aussi bien formées que par la plus moderne des imprimantes, sans une approximation, sans une différence de hauteur. Une perfection, un Graal impossible à atteindre.

Et puis le professeur Bernard Doreau faisait son entrée. L’attention était totale, et le contraste entre cet homme imposant, à la voix grave, au profil sévère, et les visages des enfants de six ans dont il avait la charge, surprenait de prime abord.

Puis l’on se rendait compte qu’avec lui exigence rimait avec bienveillance, on le voyait envoyer des signaux aux élèves en difficulté avec la méthode BorelMaisonny qu’il appliquait en plus de sa propre pédagogie, et l’on comprenait que dans sa classe, il n’était pas question qu’un enfant puisse ne pas apprendre à lire.

Au groupe scolaire LéonceGluard, puis à l’école annexe (devenue depuis Victor-Hugo), dont il eut la direction, celui que ses collègues appelaient affectueusement « Tonton Bernard » fit apprécier son humour très british et pince-sans-rire, son dévouement à l’école laïque dont il fut une sorte d’aboutissement.

Il a appris à lire à plus d’un millier d’élèves, formé des cohortes d’instituteurs, écrit de nombreux articles, collaboré au livre Cent ans d’école publique et laïque en Vendée. Depuis quelques années, il vivait retiré au Veillon. Toto le lutin, Patati le petit âne, les deux personnages de la méthode de lecture qu’il avait créée, sont aujourd’hui orphelins.