Annie Massé tisse et transmet
Passionnée de textiles, Annie Massé s’est lancée dans le tissage en 2012. Après six mois de stages de formation, elle a créé son entreprise en 2015. « J’étais assistante administrative, explique-t-elle. Dans le cadre d’un CIF (Congé individuel de formation), j’ai développé mon apprentissage. Aucune qualification n’existe aujourd’hui : c’est une transmission de savoir-faire. »
Ce métier, originaire de la région du Choletais, s’est féminisé. Annie s’intéresse à l’histoire de cet artisanat. Les métiers à tisser d’aujourd’hui sont plus petits, plus sophistiqués, loin des machines à vapeur, industrielles. Elle ajoute : « J’ai pu faire des recherches sur l’histoire du tissage de l’époque des Gaulois (le tartan) au XIXe, à la Renaissance, avec du coton ou du lin. Par exemple, la technique de la Lirette permet de tisser des bandelettes de tissus, selon une méthode spécifique, utilisée pour recycler de vieux vêtements. »
Des vertus apaisantes
La passionnée de tissage transmet son savoir-faire, notamment auprès des enfants. Chacun peut utiliser un petit métier et faire un morceau de tissage en 2 heures. Cette activité correspond bien aux enfants du CM1 à la 5e. « Les enfants agissent avec leurs mains, détaille l’artisane, ils créent à partir des couleurs, des matières, ils expriment leur créativité. » Le travail avec des publics en situation de fragilité est, lui aussi, enrichissant, cela les ancre dans la matière, dans le cadre d’un art-thérapie, cela peut les aider. « Il y a une approche méditative, on est dans le geste, dans la fluidité, le geste devient bipolaire, cela fait travailler les différents sens. Le tissage a des vertus apaisantes. »
L’entrepreneuse propose aussi, bien sûr, ses créations à la vente. « Je peux proposer un patron à partir de motifs existants. La tradition du tissage du lin, du chanvre, du coton, perdure dans l’ouest. La matière première est rare et chère, mais c’est une matière vivante et intéressante à utiliser. Je me fournis auprès des rares filatures encore existantes. Un filateur me fournit de la soie, un autre de l’alpaga. On peut aussi tisser de l’ortie, par exemple. »
Ce savoir-faire, Annie ne le partage pas qu’avec les enfants. Elle aime aussi échanger avec d’autres artisans d’art comme elle. « Avec d’autres artisans d’art, on crée des événements autour de nos activités. J’ai notamment un projet avec une potière et un restaurateur de jouets en bois, à Chaligny, pour faire un stand avec des animations un peu loufoques, en détournant nos outils en instruments de musique, un projet participatif, décalé. »
Plein de ressources, la tisserande développe aussi, avec l’aide de son mari, la création de métiers à tisser, petits, transportables, qui comportent 4 cadres et 4 pédales, ils sont destinés à la location, pour des structures scolaires par exemple, ou à la vente aux particuliers.
Annie Massé ouvre son atelier lors des rencontres du patrimoine à La Chaize, le 18 juin, au Logis de Bel Air. « Ce que j’aime, c’est montrer le tissage, expliquer le geste car c’est un métier en voie de disparition. »