Le Journal du Pays Yonnais

Un artiste hors cadre

- Nicolas Pipelier

L’un des papes du streetart, Julien de Casabianca exerce actuelleme­nt son art sur les murs de La Roche-sur-Yon. Sa spécialité : le pillage d’oeuvres dans les musées et la reproducti­on en grand format.

Perché à 15m de haut, Julien de Casabianca applique un dernier coup colle à sa fresque. Une reproducti­on de La Lutte de

Jacob avec l’ange de Paul Baudry. Une des toiles de la star du musée municipal de La Roche. Un corps à corps que l’artiste a appliqué sur le mur des ruines du collège Piobetta, place Napoléon. De quoi laisser les badauds bouche bée. « C’est pour ça que je fais ça. Pour mettre de l’extraordin­aire dans le quotidien », glisse-t-il, en lorgnant sur une mamie, indifféren­te au collage de 15 m.

35 000 fans

Tout le paradoxe d’Outings projects. Un concept fou que l’artiste balade dans les villes du globe (Paris, Londres, Barcelone, Asuncion, Zagreb…) depuis 2015. De quoi attirer l’attention de plus de 12 millions de vues sur le web et fédérer près de 35 000 esthètes sur Facebook.

A chaque endroit, le process reste le même : « Je me promène dans les musées, je regarde les personnage­s et je les shoote avec mon smartphone. » De retour dans ses ateliers parisiens, l’artiste les couche sur rouleau. Des rouleaux qui collent ensuite sur les murs, en bon disciple du street art. Un pillage en règle que l’artiste assume : « Ils n’ont pas leur mot à dire puisque les oeuvres sont tombées dans le domaine public. »

Grands formats

A La Roche-sur-Yon, Julien de Casabianca a pris une cinquantai­ne de clichés des oeuvres du musée. Avant d’en sélectionn­er 12. Une ponction qui a donné lieu à trois reproducti­ons monumental­es collées sur des murs aveugles, place Napoléon, place de la Vendée et sur la façade de l’ancien conservato­ire.

Trois grands formats (5 m) vont également voir le jour sur l’arrière du théâtre municipal et sur les façades du conservato­ire. Sans oublier six formats, taille humaine, collés sur le pôle associatif du boulevard AristideBr­iand, rue Allende, sur la façade de la maison Gueffier, du musée et du Grand R. Seul le lieu du collage du portrait d’Isabelle Dessin de Charles-Alphonse Masson reste secret. « Une surprise. »

L’Art dans la rue

Autant d’oeuvres sorties des réserves du musée, portées au regard de tous. Un souhait de la municipali­té qui n’a pas hésité à débourser 20 000 € pour s’attirer les faveurs de l’artiste. « C’est rare qu’on me propose le centre-ville. Il y a souvent des réticences de tout un système. Or là, c’est l’inverse. » Il faut dire que La Roche, avec ses exposition­s estivales place Nap’, a contribué, depuis des années, à faire entrer l’art dans la ville. Outings projects poursuit cette trajectoir­e. « Beaucoup de gens ne vont pas au musée. Là, c’est l’art qui vient à eux », précise Sabine Ferchaud, de la direction des affaires culturelle­s.

 ??  ?? L’artiste de street-art, Julien de Casabianca, a collé 12 reproducti­ons d’oeuvres du musée yonnais sur les murs de la Ville.
L’artiste de street-art, Julien de Casabianca, a collé 12 reproducti­ons d’oeuvres du musée yonnais sur les murs de la Ville.

Newspapers in French

Newspapers from France