Un artiste hors cadre
L’un des papes du streetart, Julien de Casabianca exerce actuellement son art sur les murs de La Roche-sur-Yon. Sa spécialité : le pillage d’oeuvres dans les musées et la reproduction en grand format.
Perché à 15m de haut, Julien de Casabianca applique un dernier coup colle à sa fresque. Une reproduction de La Lutte de
Jacob avec l’ange de Paul Baudry. Une des toiles de la star du musée municipal de La Roche. Un corps à corps que l’artiste a appliqué sur le mur des ruines du collège Piobetta, place Napoléon. De quoi laisser les badauds bouche bée. « C’est pour ça que je fais ça. Pour mettre de l’extraordinaire dans le quotidien », glisse-t-il, en lorgnant sur une mamie, indifférente au collage de 15 m.
35 000 fans
Tout le paradoxe d’Outings projects. Un concept fou que l’artiste balade dans les villes du globe (Paris, Londres, Barcelone, Asuncion, Zagreb…) depuis 2015. De quoi attirer l’attention de plus de 12 millions de vues sur le web et fédérer près de 35 000 esthètes sur Facebook.
A chaque endroit, le process reste le même : « Je me promène dans les musées, je regarde les personnages et je les shoote avec mon smartphone. » De retour dans ses ateliers parisiens, l’artiste les couche sur rouleau. Des rouleaux qui collent ensuite sur les murs, en bon disciple du street art. Un pillage en règle que l’artiste assume : « Ils n’ont pas leur mot à dire puisque les oeuvres sont tombées dans le domaine public. »
Grands formats
A La Roche-sur-Yon, Julien de Casabianca a pris une cinquantaine de clichés des oeuvres du musée. Avant d’en sélectionner 12. Une ponction qui a donné lieu à trois reproductions monumentales collées sur des murs aveugles, place Napoléon, place de la Vendée et sur la façade de l’ancien conservatoire.
Trois grands formats (5 m) vont également voir le jour sur l’arrière du théâtre municipal et sur les façades du conservatoire. Sans oublier six formats, taille humaine, collés sur le pôle associatif du boulevard AristideBriand, rue Allende, sur la façade de la maison Gueffier, du musée et du Grand R. Seul le lieu du collage du portrait d’Isabelle Dessin de Charles-Alphonse Masson reste secret. « Une surprise. »
L’Art dans la rue
Autant d’oeuvres sorties des réserves du musée, portées au regard de tous. Un souhait de la municipalité qui n’a pas hésité à débourser 20 000 € pour s’attirer les faveurs de l’artiste. « C’est rare qu’on me propose le centre-ville. Il y a souvent des réticences de tout un système. Or là, c’est l’inverse. » Il faut dire que La Roche, avec ses expositions estivales place Nap’, a contribué, depuis des années, à faire entrer l’art dans la ville. Outings projects poursuit cette trajectoire. « Beaucoup de gens ne vont pas au musée. Là, c’est l’art qui vient à eux », précise Sabine Ferchaud, de la direction des affaires culturelles.