Le Journal du Pays Yonnais

Les Terres Cuites, le savoir-faire made in Aizenay

- De notre correspond­ant Emmanuel Nicoleau

Au bord de la 2x2 voies Aizenay/La Roche-surYon, une main géante tendue. C’est la vitrine des Terres Cuites, la briqueteri­e Gauvrit qui interpelle le passant. Les fumées noires s’échappent des cheminées, trahissant la cuisson du moment. La terre d’argile y dore depuis bientôt 150 ans.

Le parking est immense. Partout des briques orangées témoignent de ce qui se passe dans les entrepôts. Les frères Gauvrit, Jean-Paul et Pascal, gèrent l’entreprise créée par leur aïeul Pierre en 1868. Une fabrique artisanale de terre cuite.

Direction l’accueil pour comprendre. La société est familiale. L’entrée est familière. Des murs de cuisine, de l’émail, des décoration­s que l’on a tous vues chez soi ou chez nos proches. Un style qui a fait la renommée des briquetier­s de père en fils. « Nous sommes la sixième génération. Voici la septième », s’amuse Jean-Paul Gauvrit en présentant Noah, qui prépare son stand de poterie pour enfants à l’occasion de la Journée du patrimoine.

Merci Napoléon !

A priori, c’est la plus vieille entreprise d’Aizenay. En partie grâce à Napoléon. « Mon arrière arrière arrière grandpère s’est installé ici, à proximité de la forêt d’Aizenay. Du combustibl­e à portée de main. Et puis, parce que c’était sur un axe routier que Napoléon Ier utilisait pour être à une heure de cheval de La Roche-sur-Yon à Challans », explique Jean-Paul Gauvrit. La voie était donc toute tracée ! Le site d’extraction de la terre d’argile se développe sur place. La majeure partie consommée vient de Vendée, le reste de la Nièvre. « La terre principale est d’Aizenay. On en achète d’autres pour la couleur », précise le dirigeant.

La briqueteri­e utilise deux chaînes de distributi­on. Pour la terre rouge et la terre claire. Si ce n’est plus un cheval qui les fait avancer, les techniques artisanale­s restent la base de l’entreprise. « On nous demande d’utiliser des principes de fabricatio­n ancestraux, mais de plus en plus de modèles différents », remarque JeanPaul Gauvrit. « Alors il faut garder les moules, adapter nos idées d’évolution sans faire table rase de l’équipement ». Combien consomme-t-on d’eau sur place ? « Sur une bonne journée, 200 litres. Mais on récupère l’eau de pluie », souligne le patron. L’air chaud des fours est lui aussi réutilisé pour le séchoir. « Le premier four à bois date de 1868. Le second de 1959 et le troisième de 1967. Un quatrième plus rapide a été construit en 2000. Il est électrique et sert à l’émail ».

Et l’avenir ?

Huit employés travaillen­t selon les besoins des profession­nels ou des particulie­rs. « Nous distribuon­s dans toute la France ». Les années augmentent la notoriété. La télé aussi. « En peu de temps, nous sommes passés simultaném­ent sur TF1 et France 3. Hollywood n’a pas encore appelé… » rigole Jean-Paul Gauvrit, alors que le 150e anniversai­re se prépare. « Quelque chose de grandiose, mais simple ». A l’image de cette famille Gauvrit dont le savoirfair­e traverse les siècles. Un savoir que diffuse déjà le petit Noah. « L’argile, c’est relaxant après la douche », dit-il dans un clin d’oeil, entre deux pétrissage­s de sa Tour Eiffel en terre molle. La septième génération fêtera les 200 ans.

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