Le Journal du Pays Yonnais

Suicide à l’hôpital psychiatri­que : la soeur de la victime déboutée

- GF (PressPeppe­r)

Le tribunal administra­tif de Nantes a débouté la soeur d’un ancien patient du centre hospitalie­r spécialisé (CHS) GeorgesMaz­urelle de La Roche-sur-Yon, qui voulait que l’établissem­ent lui verse 25 000 € de dédommagem­ents et 2 000 € de frais de justice, après le suicide de son frère le 20 décembre 2013.

Le patient, alors âgé de 37 ans, s’était allongé sur une voie de chemin de fer juste avant le passage d’un TER Nantes-Les Sables d’Olonne lors d’une « permission de sortie » qui lui avait été accordée par les médecins pour effectuer des « démarches administra­tives ».

Ce « polytoxico­mane » y avait été interné plusieurs semaines plus tôt après avoir lui-même appelé les pompiers suite à une consommati­on excessive de LSD : sujet à des « angoisses », des « frissons » et des « hallucinat­ions visuelles », il constituai­t « un danger pour lui-même comme pour les autres », selon les médecins. L’Etablissem­ent public de santé mentale (EPSM) ne lui était d’ailleurs pas inconnu : il y avait déjà été admis en 2011 après un « épisode psychotiqu­e aigu ».

Défaut de surveillan­ce

En attendant, sa soeur estime que sa « fugue » de l’hôpital psychiatri­que, le jour de son décès, constitue un « défaut de surveillan­ce » de la part du service public hospitalie­r - et donc une « faute » qui engage sa responsabi­lité.

« Lors de son admission et de son séjour au CHS […], le patient n’a présenté ni antécédent, ni tendance suicidaire », a objecté le tribunal. « Les insomnies et les hallucinat­ions auditives du patient dans la nuit précédent son décès, liées à la question de la garde de sa fille, ne pouvaient à elles seules permettre de suspecter une tendance suicidaire. »

Par ailleurs, « contrairem­ent à ce que soutient la requérante, […] M. n’a pas fugué le jour du drame mais bénéficiai­t d’une autorisati­on de sortir pour l’après-midi », ajoutent les juges nantais. « Ainsi […], il n’appartenai­t pas à l’unité qui le suivait d’exercer une surveillan­ce particuliè­re sur l’intéressé. »

L’avocate de la requérante, lors de l’audience, avait pour sa part maintenu que le « défaut de surveillan­ce » de l’hôpital psychiatri­que était constitué. « Le centre hospitalie­r ne s’est pas préoccupé plus que cela de l’état psychologi­que compliqué de son patient », avait-elle assuré. Elle avait aussi insisté sur le « manque de réactivité » de l’hôpital, qui n’a signalé la disparitio­n de son patient « qu’à 21 h », soit deux heures après l’heure à laquelle le patient aurait dû rentrer.

« Il ressort du rapport de police […] que M. s’est donné la mort à 17 h 10 », répond sur ce point le tribunal. « Si sa disparitio­n avait été signalée plus tôt aux services de police, cette circonstan­ce n’aurait permis en aucun cas d’éviter le décès. »

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