Le Journal du Pays Yonnais

La chef de la police vivait sous une fausse identité depuis 13 ans

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« Votre vie est un roman », constate d’emblée le juge. Marie (prénom d’emprunt), 65 ans, se tient droite à la barre, assume son incroyable histoire.

La prévenue a commis des escroqueri­es, en relation avec des chèques et ses capacités de comptable, dans les années 1975-1978. Puis elle a voulu se reconstrui­re, ouvrir un restaurant. Son passé judiciaire l’empêchant de le faire en son nom, elle a usurpé l’identité d’une amie. Marie est alors devenue Françoise.

Françoise a travaillé, ouvert des comptes en banque, s’est installée dans sa fausse identité. Puis a changé de métier. Elle a passé le concours d’entrée dans la police municipale, deux concours internes et est devenue chef de la police municipale d’une ville de l’Oise. Une imprudence, un gyrophare installé sur sa voiture personnell­e, l’obligera à quitter cette fonction.

Françoise décide alors de revenir à son métier de comptable, à La Ferrière, où ses compétence­s l’amènent à avoir un poste de direction financière.

Rattrapée par le fisc

Françoise a toujours assumé ses traites, géré ses six comptes en banque, payé les bateaux qu’elle achetait. Son avocate soulignera la légèreté des dommages réels causés. Elle a aussi payé les impôts de Françoise (prénom d’emprunt), la vraie, comme les siens.

Seulement les deux fiscalités cumulées, c’est trop cette annéelà. Alors Françoise retrouve les mauvaises habitudes de Marie, détourne des chèques destinés aux fournisseu­rs en les versant sur son compte. « Pourquoi ? » lui demande le juge. « Par stupidité », répond-elle, « c’était trop facile ».

Un contrôle de routine révèle le pot aux roses. La fin des 13 années de fausse identité. Françoise redevient Marie.

Une fan de tir

Chez Marie, les policiers retrouvero­nt des armes. Sept armes de poing, cinq revolvers et deux pistolets, soigneusem­ent rangés dans le coffre-fort, et n’ayant jamais servi à rien de délictueux.

La substitut du procureur demande une peine d’emprisonne­ment qui ne soit pas symbolique. La défense fait remarquer que tous les emprunts ont été remboursés, que la personne dont l’identité a été usurpée n’a pas porté plainte puisqu’elle n’a subi nul préjudice, que l’accusée a commencé à rembourser les sommes escroquées. Qu’elle a un emploi en tant que formatrice. Souligne le rapport complexe de Marie à l’identité et au pouvoir.

La société de La Ferrière évoque le préjudice moral subi en plus des dommages financiers.

L’affaire est mise en délibéré. Le jugement aura lieu le 11 septembre.

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