Le Journal du Pays Yonnais

Jean-Marc Tard, sa passion pour la vigne

- Muriel Hillairet

« Je vous emmène au Paradis ». Lovée sur la terre de Rives de l’Yon, la bienommée parcelle porte la vigne de JeanMarc Tard. A quelques jours des vendanges, rencontre avec un vigneron passionné.

Chaillé-sous-les-Ormeaux. « Je suis tombé dedans tout petit ». Pris par la main par papa. Un patriarche vigneron à Talmont. Transmissi­on généalogiq­ue. Sauf que le vin, Jean-Marc Tard veut le servir. « A 14 ans, je me suis orienté vers la sommelleri­e ». Parce que le gamin veut voyager. « Prendre (son) sac » et voir du pays. Dé- boucher des bouteilles chez les étoilés. « En région parisienne, forcément ». Goûter à l’Angleterre, l’Espagne, aux Antilles. « Il fallait que je bouge ». Quinze ans de vadrouille pour un retour. La famille qui rappelle à la terre.

« On m’a pris pour un malade »

Sa passion du vin s’enracine. « J’ai ouvert une cave dans le centre-ville des Sablesd’Olonne en 1998 ». L’affaire durera dix ans. Jusqu’aux questions que la vie impose. « Mon papa est tombé malade. Je me suis rapproché de lui. Je l’ai aidé dans ses vignes ». Et les souvenirs ont ressurgi. Les odeurs sont remontées. « J’arrivais sur mes 40 ans. Je me suis dit : c’est maintenant ou jamais ».

Ce sera à Chaillé-sous-les-Ormeaux. Sur le vignoble racheté à la « maison » Laurent (PRB). « Là où mon épouse Maryline et moi sommes repartis de zéro », murmure le passionné. Les doutes, il les a chassés. « J’avais le contact commercial. Prendre mon camion et aller démarcher, ça ne me faisait pas peur ». La mue en « paysan », non plus. Sa certitude, une façon de travailler ancestrale : la biodynamie. « Je n’ai jamais vu autre chose. Mon père travaillai­t comme ça. Avec le terroir, les plantes, l’écosystème, ce qui nous entoure… » Avec un cheval aussi. Et de l’herbe au milieu des rangs. « Pour certains, mes vignes n’étaient pas belles. D’autres me prenaient pour un malade ».

« Le goût des pépins »

Il n’a rien oublié. Gravé, le premier coup de sécateur. Ancrée, la première cuvée. « J’ai fait des bêtises ». Mais il a appris. Du stress, il n’a pas guéri. « C’est de pire en pire. Je me mets une pression incroyable ». Summum de l’émotion : les vendanges. « Un beau moment à vivre avec ma belle équipe ». Il parle du « goût des pépins ». Compare sa vigne à « un enfant que j’accompagne ». Touche la terre. Arpente les rangs. « Parce que tout se passe ici. Que 95 % du vin se fait en vigne… » Et qu’il aime, plus que tout, « regarder le jus couler…»

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« Les vendanges, ça peut se décider à 24 heures près », martèle Jean-Marc Tard.

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