La France, à pied et en stop

Portant un simple petit sac à dos, difficile d’imaginer que Camille, croisée dans les rues de Fougeré est en train de traverser la France alternant ses étapes entre la marche à pied et le stop.

Ce matin-là, après quelques kilomètres à pied à partir de Cholet, elle a rejoint la Vendée en stop. La jeune aventurière, qui vient de terminer son cursus étudiant, souhaitait changer d’air « voir comment on vit ailleurs en France », avant d’entamer son nouveau métier d’enseignante.

« L’esprit de mon voyage, confie-t-elle, est de me montrer qu’il est possible de se priver du luxe de son lit et de sa salle de bains ! » D’où l’idée originale de partir à l’aventure seule, équipée le plus légèrement possible : comprenez sans toile de tente, ni duvet ; avec le strict minimum : 5 € en poche, pas de bijou, ni téléphone, « pour ne pas attirer les convoitises ».

Malgré les réticences et les mises en garde de son entourage, Camille est déterminée à aller au bout de son expérience. Partie de Lyon le 15 août dernier, les hasards de ses rencontres lui ont permis de monter vers l’Alsace où elle a passé plusieurs jours dans le grand Est. Après l’Alsace, elle a gagné la région de Dijon, avant de mettre le cap à l’Ouest vers la côte Atlantique et l’objectif de descendre vers la Gironde.

« Voyager en tant qu’être humain »

Mettant toutes les conditions de son côté pour ne pas s’attirer d’ennui, elle a choisi de revêtir une tenue peu séduisante de randonneuse pour, dit-elle « voyager en tant qu’être humain plutôt qu’en tant que femme ! ». Elle parcourt ainsi parfois 25 kilomètres à pied pour atteindre une nouvelle étape. Liant la conversation avec les villageois, offrant ses menus services en échange du gîte et du couvert, elle parvient à avancer un peu plus chaque jour, se contentant parfois de se nourrir des fruits cueillis sur son chemin.

Ainsi, elle a aidé une famille à déménager : porter les cartons, aider au transport du canapé ; à la fin de la journée, elle reçoit 30 € de récompense. De quoi s’offrir une petite couverture qu’elle apprécie lorsqu’elle dort à la belle étoile, s’isolant derrière un bosquet en campagne ; elle reconnaît « j’ai eu de la chance, j’ai bénéficié d’une météo favorable et quel plaisir de contempler un lever de soleil sur les champs embrumés. »

Suscitant la curiosité, elle reçoit partout un bel accueil et s’enrichit de ses rencontres. Au terme de ces deux semaines, elle sent qu’elle est en passe de réussir son pari même si elle reconnaît avoir parfois des moments de blues : « Le plus difficile, c’est de ne pas pouvoir partager ses émotions ou commenter ce que je vis. »

Elle poursuit : « J’apprécie cette forme de liberté, et je ne regrette pas d’être partie ; c’est une belle expérience mais je n’en ferai pas mon mode de vie. Je me prouve qu’on peut se faire plaisir avec un tout petit budget et qu’en France on a de la chance de pouvoir vivre avec tout le confort et de quoi manger à sa faim ! »