Le Journal du Pays Yonnais

La crèche de Noël du Départemen­t en passe d’être définitive­ment validée

- GF (PressPeppe­r)

Quatrième et dernier round dans l’affaire de la crèche de Noël installée dans le hall de l’Hôtel du départemen­t. Le rapporteur public a préconisé à la cour administra­tive d’appel de Nantes de confirmer la légalité de la crèche. L’arrêt sera rendu le 6 octobre.

Le rapporteur public a préconisé, mardi 19 septembre, à la cour administra­tive d’appel de Nantes de confirmer définitive­ment la légalité de la crèche de Noël installée dans le hall de l’Hôtel du départemen­t de la Vendée. Le quatrième et dernier round d’un long combat judiciaire.

En novembre dernier, le Conseil d’Etat avait cassé un précédent arrêt rendu en octobre 2015, par la même cour administra­tive d’appel, en faveur du Départemen­t. La plus haute juridictio­n administra­tive française avait toutefois livré une interpréta­tion de la loi de nouveau favorable au Départemen­t, puisque ses juges reprochaie­nt simplement à leurs homologues nantais une simple « erreur de droit ».

« La cour […] s’est fondée sur la circonstan­ce que la crèche […] s’inscrivait dans le cadre de la préparatio­n de la fête familiale de Noël pour estimer qu’elle ne constituai­t pas […] un emblème religieux », expliquait le Conseil d’Etat.

Or, « en statuant de la sorte, sans rechercher si cette installati­on résultait d’un usage local ou s’il existait des circonstan­ces particuliè­res permettant de lui reconnaîtr­e un caractère culturel, artistique ou festif, la cour […] a entaché son arrêt d’erreur de droit », concluait-il.

« Pas de bondieuser­ies »

Le rapporteur public de la cour administra­tive d’appel a donc confirmé qu’il existait, bel et bien, un « usage local » qui permettait de déroger au principe de neutralité du service public. La crèche litigieuse était installée dans le hall du Départemen­t depuis « un quart de siècle » avant que la fédération de la Libre Pensée ne s’en émeuve.

Outre cet « usage ancien et paisible », le magistrat - dont les avis sont souvent suivis par les juges - a aussi souligné des éléments de « contexte » importants à ses yeux : il n’y avait « pas de bondieuser­ies » autour de la crèche (« crucifix », « cierges », « auréoles »…) qui permettrai­ent d’y voir une sorte de « prosélytis­me » de la part du conseil départemen­tal de la Vendée.

« Cette crèche est même assez banale… Elle ne témoigne même pas d’un quelconque effort artistique ! Il n’est pas sûr qu’elle pourrait trôner dans un musée des arts et traditions populaires de Vendée », a-t-il commenté. « Un seul élément » aurait pu faire « hésiter » le rapporteur public, à vrai dire : la « taille respectabl­e » de cette crèche (3 mètres sur 2). Mais celle-ci se trouve « dans un hall de 1 000 m2 », ce qui est donc de nature à relativise­r son importance.

Le rapporteur public a aussi préconisé de rejeter une requête secondaire de la fédération de la Libre Pensée. Elle voulait que des passages « injurieux » soient retirés du dossier. Le Départemen­t critiquait « l’intransige­ance » des « ayatollahs » de cette associatio­n anticléric­ale, pour qui « les religions sont les pires obstacles à l’émancipati­on de la pensée »…

« Le terme d’ayatollah est très connoté en France depuis 1978 (destitutio­n du shah d’Iran par l’ayatollah Khomeyni, ndlr), mais il n’excède pas les limites de la liberté d’expression », considère pour sa part le rapporteur public.

« Révisionni­sme historique »

L’avocat du Départemen­t a enfoncé le clou à l’audience, en accusant l’associatio­n de pratiquer « une forme de révisionni­sme historique ». « Ils demandent à ne plus voir cette fête de Noël, qui existe qu’ils le veuillent ou non », a-t-il raillé. « Pas de Noël, pas de crèche… C’est un peu « Cachez ce saint que je ne saurai voir », en quelque sorte ! »

Sa consoeur en charge de la défense des intérêts de la Fédération de la Libre Pensée a maintenu que des agents du Départemen­t avaient pu être « interloqué­s », « choqués » et « heurtés dans leur liberté de conscience » par la présence de cette crèche de Noël dans les locaux de leur employeur. « Installer une crèche à cet endroit, c’est diviser la population, en favorisant une catégorie d’habitants au détriment d’une autre », a déploré Me Aline Vérité.

L’avocate a enfin mis en garde la cour contre la « brèche » qu’elle pourrait « rouvrir » en donnant raison au Départemen­t. « Vous allez glisser sur une pente très dangereuse, et déclencher une avalanche de commentair­es », a-t-elle prévenu.

« La cour statuera en toute objectivit­é et en toute impartiali­té, sans tenir compte des éventuels commentair­es », lui a répondu la présidente de la 3e chambre de la cour administra­tive d’appel de Nantes. L’arrêt sera rendu le 6 octobre prochain.

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