Le Journal du Pays Yonnais

Un mi-mandat comme tremplin pour 2020

- Propos recueillis par Stéphanie Hourdeau

Cela fait deux semaines qu’Aizenay compte un nouveau maire. Franck Roy ne fait pas que succéder à Bernard Perrin, il se positionne pour l’avenir d’Aizenay, et donc pour les élections de 2020.

JPY : Deux semaines que vous êtes aux commandes de la Ville. Réalisez-vous ?

Franck Roy : Il faut du temps. Il y a le temps où on en parle et puis arrive le moment où l’on se retrouve avec la fonction . C’est un mélange de fierté, car ce n’est pas le fruit du hasard, c’est du travail. Une prise de conscience réelle de la responsabi­lité. Cela fait vingt ans que je cotoie les élus et je vois bien toute la complexité et la responsabi­lité qu’on endosse. Aizenay est une commune avec un potentiel énorme. Il faut que j’arrive à me dire que je ne ferai pas tout d’un coup. Mais j’ai envie d’y aller.

Trois ans que vous êtes élu, aviez-vous imaginé une ascension aussi rapide ?

Non. Mais ça fait un moment que je voulais m’engager davantage, depuis les élections de 2008 en fait. Mais quand je suis arrivé en 1999 à la mairie d’Aizenay pour faire un remplaceme­nt de trois mois, j’étais loin d’imaginer me retrouver avec cette écharpe. Les choses sont vraiment devenues concrètes suite à un article dans OuestFranc­e sur les maires qui étaient installés depuis les années 80. C’est à partir de là que les choses se sont vraiment enclenchée­s. Ceci dit, Bernard Perrin n’avait jamais caché son départ à 70 ans. Il l’avait exprimé lors de sa déclaratio­n de candidatur­e, en parlant d’un mandat-relais.

Face aux Agésinates, vous sentez-vous légitime ?

Oui, dans le sens où je me sens capable. Si Bernard Perrin ne connaisssa­it pas ma capacité de travail, il ne m’aurait jamais proposé de le rejoindre en 2013. Et s’il m’a, au final, proposer de prendre sa succession, c’est qu’il a considéré que j’étais apte.

Quand et comment Bernard Perrin vous a annoncé que ce serait bientôt votre tour ?

C’était en mars. Un soir, il s’est retourné vers moi et il m’a dit : « bientôt , ce sera toi ! ». Je n’y étais pas du tout préparé à ce moment-là ! (Sourires). Maintenant, il y a tout le travail. Ce n’est que le début. Un travail de maire, qui n’a plus rien à voir avec celui d’un adjoint.

Comment définiriez-vous l’accueil des citoyens ?

Très bienveilla­nt. En ville, je suis interpellé, des gens me félicitent, c’est plutôt agréable.

Vous avez senti un changement de regard ?

Oui ! Ça va très vite. Mais il faut rester humble face à ça. Car je ne suis pas tout seul. Il y a vraiment un groupe autour de moi. Le travail d’équipe fait partie de mon ADN. C’est comme ça qu’on y arrive et qu’on fait avancer les choses.

Passer après un éléphant de la politique locale comme Bernard Perrin, est-ce que cela met une certaine pression sur les épaules ?

Oui, inévitable­ment. C’est quelqu’un qui s’est fortement investi et j’espère m’investir autant que lui. Donc forcément, ça met une pression. Parce que certains vont aussi vouloir comparer. Si je m’arrête à ça, je n’y vais pas. Il faut lancer des projets, imaginer Aizenay demain. On l’imaginera, je l’imaginerai peut-être différemen­t que d’autres, bien évidemment. Il faut s’appuyer sur ce qui a été fait, profiter de l’élan lancé, mais il ne faut pas se comparer au quotidien. Aizenay dans les années 80, ce n’est pas Aizenay d’aujourd’hui et ce n’est pas Aizenay de demain.

Le mot d’ordre de Bernard Perrin était de « dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit ». Quelle sera la vôtre ?

C’est pareil. C’est pour ça aussi qu’on s’est entendu et qu’au niveau du groupe, on s’entend aussi bien. Ça me fait très plaisir de travailler avec cette majorité. Il y a vraiment un esprit d’équipe. Avec ce credo essentiel, être crédible.

A propos de comparaiso­n, la critique a déjà commencé le soir de votre élection. L’opposition a refusé de prendre part au vote et dénoncer une « manoeuvre politique ». Vous n’avez pas répondu. Ce sera votre façon de gérer les critiques ?

Oui. Les Agésinates ont besoin qu’on s’occupe d’eux, et pas de nous. Ces petites phrases là ne sont pas importante­s. Je vais poursuivre un objectif, celui de l’intérêt général des habitants. Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’on fera demain pour les seniors, pour les jeunes… C’est animer une équipe pour répondre aux besoins de la population. Je ne veux pas faire de politique politicard­e.

Et face à la critique citoyenne, vous êtes préparé ?

Il y en aura. On ne peut pas accepter ce poste sans prendre cette mesure. Mais, on n’est pas là pour faire plaisir à chacun. On est là pour l’intérêt général. Mais il y aura peut-être aussi plein de gens contents qui ne le diront pas toujours, mais qui le penseront ! (sourires)

Dans un article, vous avez dit que vous ne ferez pas du « Perrin ». C’est quoi le style Franck Roy ?

Je ne sais pas. Je ne veux pas copier Bernard Perrin, je ne pourrai pas d’ailleurs. Je ne serai pas là du lundi matin au vendredi soir, même si, et ça je m’en rends compte depuis deux semaines, je pense mairie 24 h/24… Je serai moi-même. Je ferai à ma façon avec mes sensibilit­és. Je ferai avec mes qualités propres. Et avec mon équipe.

Etre directeur adjoint de la maison des communes, est-ce un atout quand on devient maire ?

Je connais parfaiteme­nt les rouages administra­tifs et techniques d’une collectivi­té. C’est un énorme atout. Je vois certains maires qui n’ont jamais été préparés à ça et c’est un plongeon vertigineu­x pour eux. Les collègues sont d’ailleurs rassurés de voir que ce n’est pas quelqu’un qui découvre ce qui se passe et comment ça marche. Je connais le rythme d’une collectivi­té.

Cette fin de mandat est-il le tremplin pour les élections de 2020 ?

On n’en a pas encore parlé, mais oui, j’en ai envie. Ça n’a rien à voir avec l’ambition. C’est juste une histoire de parcours et de choix. J’ai à la base une formation de juriste en droit privé. Rien ne me prédestina­it à travailler au sein des collectivi­tés. Cela a changé quand je me suis retrouvé à la mairie de SaintSulpi­ce-le-Verdon en 1998. Il y eu un déclic. J’ai vu qu’il y avait des choses à faire dans le service public. L’idée de créer des choses pour la population, ça m’a énormement parlé. J’ai juste envie de continuer mon engagement.

Pour cette fin de mandat, allez-vous changer la feuille de route annoncée en 2014 ?

Non. Beaucoup de choses sont déjà engagées, comme la revitalisa­tion du centre-ville, avec l’Opah-Ru et le projet des halles. On a le chantier du pôle culturel avec le cinéma. Ce sont des gros budgets. Pour les enfants, il y a l’agrandisse­ment du centre de loisirs. Une enquête est en cours sur les jeunes pour améliorer la politique jeunesse et on réfléchit sur la réfection du groupe scolaire Louis-Buton. Une décision devrait être prise avant la fin du mandat. On a aussi une station d’épuration à lancer. Pour les seniors, une étude sur la mobilité est en cours. Et il faut continuer à préparer l’avenir avec l’urbanisati­on, l’arrivée du lycée. Il faut que l’on se projette maintenant sur Aizenay de 2030. On finit donc les gros projets structuran­ts et il y en aura d’autres bien évidemment.

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