Le Journal du Pays Yonnais

A 20 ans, ils vivent dans leur voiture

Près d’une centaine de jeunes adultes à la rue

- Nicolas Pipelier

A peine sortis de l’adolescenc­e, Nathalie et Jérôme se sont retrouvés à la rue. Aujourd’hui, le jeune couple, qui vit dans sa voiture, essaye de s’en sortir. Mais le sort s’acharne.

Deux mois déjà que Nathalie (18 ans) et Jérôme (21 ans) passent leurs nuits au fond de l’impasse du lycée Rosa-Parks. A l’arrière de leur Alfa Roméo, le jeune couple s’est aménagé un semblant de lit sur la banquette arrière. Le baluchon de vêtements jeté à l’avant, les sièges pliés, la voiture se transforme, chaque soir, en dortoir. De quoi, tout juste, allonger les jambes, avec le chien au bout des pieds.

Pas le choix, « quand le 115 ne répond pas ». « Il y a 10 places pour 60 demandes par jour », lâche Jérôme. « Et ils prennent ni les couples ni les chiens », poursuit Nathalie. Pas question de se séparer. Depuis juillet, le trio a trouvé son équilibre. Notamment depuis que Jérôme a sorti Nathalie de la rue. Où elle faisait « la manche pour se nourrir », après avoir fui une « coloc bizarre ».

« Peur de se faire jeter »

La routine pour ce couple biberonné à la galère. Trimbalés de centres sociaux en familles d’accueil (voir ci-dessous), depuis leurs 13 ans, ils cumulent les coups durs. Le genre de cicatrices qui rapprochen­t. « Ça fait trois ans qu’on est ensemble. Plutôt que de rester dans la merde chacun de son côté. Pourquoi ne pas être dans la merde à deux. » Et surtout se tenir chaud lorsque le mercure flirte avec le zéro.

Depuis la rentrée scolaire, les nuits sont moins sereines. « On a peur de se faire jeter du parking. Qu’ils nous prennent pour des squatters. » Mais cette fois-ci, ils n’ont plus envie de fuir : « On veut simplement vivre comme tout le monde, avoir un toit. »

« Descente aux enfers »

Sauf que le sort s’acharne. Alors que Jérôme avait trouvé un plein-temps chez Profil concept à La Roche-sur-Yon, la scie circulaire lui a entaillé la main. Résultats : 5 broches dans le doigt et 60 % de cartilage perdu.

Même si son patron lui a assuré son soutien, faute de refuge, le duo poursuit inéluctabl­ement sa « descente aux enfers ». Une pente glissante que Jérôme connaît bien. Lui, qui a trimé ces trois dernières années, sait trop bien comment on se retrouve à la rue.

Appel à l’aide

D’où son impatience de voir tomber les indemnités de la Caisse primaire d’assurance maladie. D’autant plus que la seule bouée, l’associatio­n Passerelle­s, qui soutient les personnes en grande difficulté, propose « un rendez-vous dans plusieurs semaines ». Et que les démarches de Nathalie pour un job d’aide à domicile restent lettres mortes auprès de Pole emploi et de la Mission locale.

Dans ces conditions, impossible de trouver un toit. La générosité des amis, qui ouvrent encore leur porte pour une douche et un repas chaud, a ses limites. Reste les Restos du coeur. Mais à mesure que les journées rétrécisse­nt, l’angoisse grandit. D’où leur appel à l’aide.

 ??  ??
 ??  ?? Depuis deux mois, Nathalie (18 ans) et Jérôme (21 ans) vivent dans leur voiture. Ils cherchent, aujourd’hui, un toit.
Depuis deux mois, Nathalie (18 ans) et Jérôme (21 ans) vivent dans leur voiture. Ils cherchent, aujourd’hui, un toit.
 ??  ?? Chaque soir, ils plient la banquette arrière pour pouvoir s’aménager un lit de fortune.
Chaque soir, ils plient la banquette arrière pour pouvoir s’aménager un lit de fortune.

Newspapers in French

Newspapers from France