Docteur, quand tu veux, j’te plaque !
Aude Boissinot a-t-elle un passé professionnel dans les agences de rencontre ? La chargée de communication du Poiré-sur-Vie est à l’origine de la petite annonce vantant une jolie commune à la recherche de médecins qui circule depuis cet été. A l’image de Karine Lemarchand qui réunit des célibataires sur ambiance d’exploitations agricoles, le but ici est de rassembler des professionnels de la santé au sein d’une maison médicale où les places ne sont pas chères.
Cinq plaques à placer
Alors, qui veut se faire plaquer son nom sur le mur d’entrée annonçant déjà quatre médecins généralistes, un cabinet d’infirmières, une pédicure-podologue et un orthophoniste ? Cinq places restent disponibles sur le panneau… « L’annonce n’a pas encore porté ses fruits », souligne tristement Sabine Roirand, maire de la commune, qui écume le milieu médical pour compléter sa liste. Une piqûre de rappel a pourtant été donnée lors de l’inauguration du site, le 5 octobre dernier.
Moins de médecins, plus de besoins
Benjamin Meyer, de l’Agence de santé régionale précise que « l’ensemble du milieu urbain et rural est touché » par le manque de médecins. « En cinq ans, nous avons perdu 13 % des généralistes libéraux, alors qu’en fonction de la démographie, on devrait en accueillir cinq nouveaux par an… » Certains jouent le jeu en assurant la relève, à l’image au Poiré d’Armand Joguet, originaire de Froidfond, qui a finalement confié sa patientèle après maintes recherches à Adélaïde Jeaneau, venant… de Froidfond !
La technique du Troglodyte Mignon
Faut-il ainsi déshabiller Pierre pour habiller Paul, en piquant dans le voisinage pour compléter son effectif ? Même pas possible, car dans un rayon de cinquante kilomètres, les candidats ne sont pas légions. Au Poiré, on applique donc la technique du Troglodyte Mignon. Ce petit oiseau qui, au printemps, construit plusieurs nids et chante à côté pour inviter les femelles, histoire de conclure avec au moins l’une d’elles. La maison de santé est un beau nid multiplaces. La commune roucoule auprès des professionnels libéraux dans le but d’obtenir au moins un clin d’oeil favorable. En espérant ne pas se faire voler dans les plumes par la population, si les non répétitifs impliquent de trouver des docteurs dans une grande ville et une liste d’attente aussi grande.
Le Département s’inquiète
Yves Auvinet, président du Conseil départemental, explique « faire face à une vitalité démographique et au vieillissement de la population en même temps, ce qui est paradoxal ». Il met en avant « l’exigence de s’adapter, de faire que ces déserts médicaux trouvent des professionnels. Au Poiré, la secrétaire m’a confié qu’un coup de téléphone sur trois est pour une recherche de médecin ». Le Département a financé 24 maisons de santé « parce que la médecine en réseau remplace la médecine en solo, qui n’est plus possible ». Le bâtiment envisagé dès 2010 au Poiré pour maintenir l’accès aux soins de proximité est prêt. Si la petite annonce d’Aude Boissinot ne fonctionne pas, il faudra peutêtre penser à prendre conseil auprès d’Elie Semoun…