A Jean-Yole, les jeunes font la loi
Dans le quartier JeanYole, à La Roche-sur-Yon, la cohabitation entre les jeunes et les riverains devient de plus en plus difficile. La police a prévu de renforcer sa présence pour « assainir le secteur ».
La Roche-sur-Yon. Dans le quartier Jean-Yole, au pied du bâtiment C, une poignée de jeunes squatte le centre commercial. Dos contre la vitrine du bureau de tabac, ils mirent les va-et-vient sur le parking. Sans agressivité. Décochent même quelques bonjours aux rares clients, entre deux bouffées tirées sur un joint.
« Ils font leur petit commerce », glisse un habitant, un brin résigné. « Ils ne sont pas méchants, confie un des commerçants. Sauf que ça peut faire fuir les gens qui ne sont pas habitués. Quand il y a 15 à 20 jeunes massés, les gens se demandent ce qui se passe. Ceux qui veulent faire quelques courses repartent aussitôt. »
« Moi, ils me font peur »
Cette présence, passive, commence à peser sur le tiroir-caisse. « Mon chiffre d’affaires a chuté depuis septembre », glisse l’un d’entre eux. Pile à l’époque où Vendée Habitat a déployé ses caméras dans le quartier. Histoire de chasser les jeunes des cages d’escalier. De quoi, seulement, déplacer le problème…
Ce qui ne rassure pas les habitants du quartier. A l’image de cette dame âgée, installée depuis 50 ans à Jean-Yole : « Moi, ils me font peur. Ici, les jeunes font la loi. » Notamment le week-end, quand les rassemblements se font plus nombreux. Avec parfois des débordements. Comme ce dimanche de juin, où les riverains, excédés par les rodéos des scooters, ont alerté la police. Une confrontation qui a mal tourné, avec caillassage en règle des forces de l’ordre par une trentaine de jeunes et interpellation de deux individus, interdits de séjour à JeanYole.
« Assainir le secteur »
Depuis la rixe estivale, la police a durci le ton. Huit personnes ont été interpellées pour trafic de stupéfiants, quatre jeunes écroués et deux mineurs placés en foyer. De quoi, momentanément, « assainir le secteur », assure l’ex-commissaire Poras (voir article page 11). Le poste de police de La Garenne a également densifié ses effectifs, après la fermeture de la Généraudière. Avec une patrouille de 2 à 3 hommes qui circule en permanence sur les quartiers Jean-Yole et Pyramides. Histoire d’« écarter les plus virulents pour ramener le calme, glisse le chef de la police. On l’a déjà fait sur la Vigne-aux-Roses. Ça marche dès qu’on s’en occupe. »
Mais le commissaire préfère rester mesuré quant au « sentiment d’insécurité ». Lui qui épluche régulièrement les « stats » assure ne pas avoir vu la criminalité grimper ces derniers temps. Le chef de la sûreté urbaine pencherait plus pour un « sentiment d’insécurité lié à des comportements visibles sur la voie publique (alcoolisation sur la voie publique à la Garenne). Ils étaient moins présents avant et ça dénote dans le paysage. Ils apostrophent les passants, ils font la manche. Mais je n’ai pas connaissance d’agressions sur les citoyens. »
« C’est un problème social »
Des propos rassurants, mais qui ne gomme pas pour autant les angoisses des habitants et des commerçants. Quant à elles, bien réelles. Témoins au quotidien de la dérive de ces jeunes de 17 à 25 ans, pour la plupart déscolarisés et sans boulot, ils souhaitent une prise de conscience des pouvoirs publics.
« Les prisons sont pleines et les caisses sont vides. Et ces jeunes-là, on ne sait pas quoi en faire. C’est un problème social », se lamente un des commerçants. D’autant plus que les difficultés sociales s’accumulent dans cette partie de la Ville où le niveau de vie est le deuxième plus bas de l’Agglo (13 087 € contre 19 166 € pour le reste de l’Agglo). Avec 42 % des 1564 ans sans emploi, le contexte est propice au développement des commerces illicites.