« Ma vie, c’est la prison »

La Roche-sur-Yon. « Le casier, on ne va pas tout lire… » Claire Pian, la présidente du tribunal, a évité le détail des vingt mentions gravées au « palmarès » de Baptiste (1). « Il y a déjà eu beaucoup de peines de prison ». Des affaires toujours en cours, aussi. Comme cet appel devant la cour d’appel de Poitiers pour violences conjugales. Si Baptiste est devant le tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon, ce jeudi 8 février, c’est pour deux conduites sans permis, dont l’une sous l’empire d’un état alcoolique.

Le 8 mai dernier, à 3 heures du matin, Baptiste fait 200 mètres au volant « pour garer la voiture ». Sauf que son taux d’alcoolémie a grimpé à 1,22 gramme. « J’ai fait ma tête dure. J’ai juste déplacé le véhicule. Et la police était là… » Le 9 octobre suivant, le jeune homme fuit à la vue d’un contrôle de police. « J’ai paniqué ». Il se rendra, quelques heures plus tard, au commissariat. « J’avais peur de retourner en prison ».

A la barre, le prévenu rabâche ses efforts de réinsertion. Mais le compte rendu du Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) est tout autre : « Irresponsabilité. Monsieur passe son temps à consommer de l’alcool plutôt qu’à s’occuper de ses enfants. Le sursis n’a aucun effet sur lui ».

« Autant mourir »

Un rapport qui fait bondir Julien Duchoze, le procureur : « Ce qui vous arrive, c’est votre faute. A un moment, il faut dire stop. Sur la peine, il n’y a pas dix solutions. La seule qui existe, c’est la prison ferme ». Il requiert dix-huit mois. A cet énoncé, Baptiste s’insurge : « Je fais tout pour m’en sortir. Vous êtes en train de m’enfoncer. Je veux bien assumer, mais c’est cher payé encore. Ma vie, c’est la prison, alors ? Autant mourir…»

« Ne jouez pas les martyrs », conclut la présidente. « Les efforts, il faut les justifier ». Elle prononce une peine de douze mois d’emprisonnement ferme.